C'est donc en cette fin d'année que je découvre l'humanité de Dumont. Une année où j'ai entamé pour de bon mes rencontres avec Bernanos, Bloy, Barbey, Pialat, Bresson. En littérature comme en cinéma, j'ai pu découvrir que l'art sert aussi à montrer le mal le plus absolu et le plus cru.
Dans l'humanité de Dumont, tout semble sans espoir : un crime innommable, commis au fin fond de la campagne flamande, une enquête qui n'avance pas, des moyens dérisoires, la torpeur du village et de ses habitants... Mais ressort la figure de Pharaon, qui prend tout au long du film celle d'un martyr ou de ces saints dont parle Bernanos. Tout en lui évoque la grâce, il parle peu et doucement, embrasse les criminels comme le Christ de Dostoïevski dans le récit de l'inquisiteur, se recueille devant ce tableau qui évoque l'enfant assassiné. C'est un lieutenant de police qui a perdu avant les évènements du film sa fiancée et son fils et vit, sans doute à cause du drame, chez sa mère. Conscient de tout son malheur il semble perdu dans ce monde et cherche des échappatoires qui composent les moments de paix du film : l'écoute de la musique, sa sortie en vélo, son jardin.
Ainsi mon expérience personnelle devant ce film est directement liée à ces œuvres imprégnées de ce christianisme qui n'a pas peur de traiter avec le problème du mal et qui gratte toute la terre avec espoir de trouver quelque chose de bon.