Drôles d'oiseaux
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Le cinéma de Jean-Pierre Mocky a un certain charme : ce côté provocateur, franc-tireur, dont a hérité, me semble-t-il, un Albert Dupontel - Bernie pourrait être signé Mocky. On reconnaît immédiatement son style. La première scène à la Sécu, délicieuse, avec la bouche de la cantatrice en gros plan. Puis le serial killer qui étrangle une première proie l'air de rien, avec en fond une boîte à musique... Ce n'est pas rien d'avoir un univers, ils ne sont pas si nombreux les réalisateurs qui peuvent s'en prévaloir.
D'où vient la sensation, qu'on a souvent dans ses films, d'un côté un peu cheap, quasi bâclé ? Je m'interroge encore car ce n'est ni filmé ni éclairé n'importe comment... Toujours est-il que je ressors souvent de ses films en me disant : "c'est réjouissant... mais c'est une toute petite chose". Un mystère que je ne parviens pas vraiment à percer.
Comme toujours chez Mocky, on trouve ici des personnages hauts en couleurs, et notamment les seconds rôles : le chauffeur de taxi à la gueule cabossée, le caïd au goitre et au crochet, la belle Evelyne qui donnerait ses bijoux pour se débarrasser de son mari. Quant au trois Michel : Serrault est très bien, Galabru aussi, plus sobre que d'habitude, enfin Michel Simon cabotine un max, loin de son rôle dans L'Atalante, auquel Mocky voulait rendre hommage en situant l'action sur le Canal de l'Ourcq.
Ce qui pêche, c'est l'histoire, à laquelle on a quelque peine à s'intéresser : on se contrefiche un peu de cette poignée de bijoux... Et quelques invraisemblances, au premier rang desquelles la mort par strangulation en une poignée de secondes (ma fille m'affirme qu'il faut 10 mn... ça me semble beaucoup quand même). Et quand c'est Michel Simon qui tue, il a l'air totalement ailleurs (il aurait rétorqué à Mocky : "je ne suis pas un étrangleur" !).
L'autre point faible du film, c'est le pourquoi du projet ? Il y a bien un certain nombre de messages : sur la vénalité (le personnage du restaurateur), le racisme (celui joué par Michel Simon, accompagné d'un jeune Noir à qui on donne... des bananes), le sexisme masculin (les propos des amis de l'étrangleur), la frustration sexuelle des hommes (la cause des méfaits de l'étrangleur)... mais tout cela est tellement dilué, emporté dans le flux, que rien ne ressort vraiment. C'est pourquoi A mort l'arbitre me marquera à coup sûr davantage que cet Ibis Rouge. Ici, on a affaire à un vaudeville, un peu destroy, ce qui relève un peu la sauce... mais un simple vaudeville tout de même.
6,5... pour le "style Mocky" !
Créée
le 9 juil. 2019
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