Drôles d'oiseaux
Regarder l'Ibis Rouge, c'est un peu assister à une pièce de Feydeau avec des portes qui claquent. Il y a un couple, pas d'amants mais des personnages singuliers aussi escrocs les uns que les autres...
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le 25 mai 2016
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Il n'y a jamais eu beaucoup de visibilité pour les films de Jean-Pierre Mocky, même si le truculent vieillard sexiste se démène régulièrement (chez Ruquier par exemple) pour qu'on parle de lui ; et du coup je crois bien que L'Ibis Rouge me dépucèle de son cinéma si particulier...
D'emblée, on comprend que la force du film - et probablement des autres - se situe au niveau de sa distribution et notamment de seconds rôles aux sacrées gueules. Ah ça ! Pour nous envoyer du pieux Michel Serrault à l'écharpe rouge et à la chapka, travaillant à la sécurité sociale le jour et étranglant des femmes la nuit, pour cause de sexualité refoulée, et une mouche prénommée Solange à la boutonnière, il y a du monde ! Michel Galabru, quoique plus sobre d'apparence que les autres (c'est dire), n'est pas non plus en reste : vendeur en porte à porte de liqueurs, et à la femme sublime (Evelyne Buyle), il essaiera par tous les moyens de régler une dette de jeu, sous peine d'y passer...
Mais surtout donc, il y a les seconds rôles : un restaurateur grec avec la boucle d'oreille qui change tout ; Michel Simon incarnant un clodo qui ne cessera de vouloir se faire passer pour l'étrangleur et couvant un petit black assez zarb, pour ne pas dire caricatural avec ses bananes ; un gangster manchot au crochet et à la minerve ; un pote obsédé du cul ; et enfin, un conducteur de taxi à la gueule de Frankenstein. Des personnages assez malsains, mais plutôt amusants. Aussi, j'ai trouvé la musique très sympa, et notamment celle à base de scie musicale, ajoutant encore un peu de folie à l'ensemble.
Malheureusement, il n'y a pas que du bon : le scénario ne vaut franchement pas tripette. Les dialogues fonctionnent parfois, mais certains gags font vraiment dépassés. On retiendra tout de même le "Salope !" maintes fois répété par l'apprenti voleur... Mais le pire se situe vraiment au niveau des scènes d'étranglement : t'es sérieux là Jean-Pierre !?! Ok, t'as pas de moyens pour tes films (les grands acteurs jouent souvent gratos - ou presque - pour lui), mais franchement là, c'est pas crédible une seule seconde ces gens morts étranglés en moins de 3 secondes chrono ! Surtout qu'il s'agit quand même de scènes clés qui en deviennent ridicules...
Enfin voilà quoi, l'univers aussi spécial qu'intéressant de L'Ibis Rouge vaut vraiment le détour ; mais ne vous attendez pas à un chef-d'oeuvre de mise en scène ou à une intrigue passionnante, malgré quelques bonnes idées çà et là. Ceci dit, cette première tentative Mockyenne me donne tout de même envie de découvrir quelques-uns de ses autres plus grand "succès".
Créée
le 26 mai 2016
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