Octave Parango,


Nous te connaissions, cynique, égoïste, irresponsable, mais surtout charismatique dans ce bijou cinématographique de Jan Kounen qu'était "99 francs".
Ton esprit révolutionnaire nous avait tous conquis et ouvert les yeux. Concepteur-rédacteur de profession, ton aventure décadente se rythmait avec la force d'un "Think Different".


Et puis, presque dix ans plus tard, catastrophe.
Ton auteur, que dis-je, ton suprême créateur traverse avec difficulté le cap de la cinquantaine et décide de te déterrer. Il change ton visage, ton métier, ton charisme. En soit, tout ce qui avait pu faire ton succès, en 2007. Dans l'intention évidente de refaire le sien. Mes amis, Octave est mort dans "99francs", un imposteur proustien (que de nom) arrive en salle dans "L'Idéal".


Trêve de bavardage. En quoi ce film est-il mauvais ?
La réponse pourrait être très simple Frédéric Beigbeder est un mauvais réalisateur.


(merci, au revoir, générique de fin)


Après une telle intro, je ne peux vous quitter ainsi.
Pour être plus concis, parlons du plus gros défaut du film. Il n'y a aucun rythme, bordel de queue !
C'est alors qu'une heure et demi de visionnage te semble insurmontable. La faute à un montage lisse et insipide. Une frustration qui augmente minute après minute avec la prestation de nos amis acteurs.
Disons que Proust fait du Proust ("je serai nonchalant"), Audrey Fleurot du Audrey Fleurot ("je serai une femme qui a des couilles"). A l'image de leur réalisateur faisant également son autoparodie ("je serai un drogué au grand coeur"). Autoparodie poussé à son paroxysme, au point de te faire de si mauvaise références à "99francs" que tu regretterais presque de l'avoir apprécié. Car dans "L'Idéal" également, ça dénonce sévère, le monde de la mode, les femmes objets, toussa toussa. Léger bémol, un énorme problème de ton à chaque prise de parole de ce type fait qu'aucun coup de gueule ne nous atteint. C'est que c'est un exercice subtil de créer des prises de conscience avec de l'humour. Jan Kounen l'avait réussi, pas notre ami Frédéric.


Cela dit, nous soulignerons par exemple la performance de Jonathan Lambert, qui joue juste et qui arrive à nous décrocher quelques sourires.
Et c'est ça le pire ! Tout n'est pas à jeter : le roman dont est tiré le film est bon, certaines punchlines sont efficaces et certaines blagues sont drôles. Mais rien de tout ça n'est mis en valeur ! Nous en revenons toujours au même problème, la réalisation est mauvaise !


Pour conclure, Frédéric Beigbeder, c'est en tant qu'admirateur de tes oeuvre (écrites) que je m'adresse à toi. Je peux comprendre qu'avoir une femme de trente ans de moins que soi, cela peut donner envie d'exister, de croire en une deuxième jeunesse. Mais non, cela n'existe pas.
En voulant être bon partout, on devient bon en rien.
Tu es un bon écrivain, même si cela reste du Bret Easton Ellis à la française.
Tu es un bon directeur de la rédaction de Lui, même si offrir la couverture à Audrey Fleurot ce mois ci pour faire la promo de ton film n'était pas judicieux.
Tu es un bon publicitaire repenti : malgré cette pub pour DIM qui te tire une balle de fusil à pompe (minimum) dans le pied.
Tu es un bon réalisateur : quand tu ne fais pas de film. "L'amour dure trois ans", "L'Idéal", nous prouve à tous que c'est un vrai métier, réalisateur.


Peux tu faire en sorte que nous t'apprécions encore et pour longtemps ?


Amicalement.

PierrePigeon
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le 31 mai 2016

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Pierre Pigeon

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