L'Île
7.3
L'Île

Film de Pavel Lounguine (2006)

Acheté sur une impulsion, ce film a attendu quelque temps chez moi que je prenne le temps de le voir. A ceux qui me demandaient ce que c'était, je répondais en guise de plaisanterie: "Ostrov? C'est Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps... en plus russe."

Blague à part, ce n'est pas tout faux. On ne peut nier l'existence d'une vague parenté entre les deux films, ne serait-ce qu'à cause de leur cadre similaire (un monastère sur une île coupée du monde), de leur exotisme respectif, et enfin du rôle prépondérant qu'y jouent l'image et la suggestion. Pas plus que son non-homologue coréen, Ostrov n'est un film mathématique, qui chercherait à résoudre les problèmes qu'il pose. "Ici se passe l'inexplicable" proclame un peu pompeusement la bande-annonce originale du film (que je vous déconseille vivement de visionner, parce qu'elle en dit trop). M. Lungin, le réalisateur, a le bon goût de ne pas la faire mentir. Notons enfin que le thème central d'Ostrov, la rédemption, est loin d'être absent de Printemps, Eté, Automne, Hiver... et Printemps.

Là s'arrête toutefois la comparaison. Ostrov, on l'a dit, est un film russe. Russissime, même, dont certains personnages fleurent bon Dostoïevski et les Frères Karamazov... et où, même au coeur d'un monastère orthodoxe, l'ombre du Parti est évoquée. Par ailleurs, là où le film de Kim Ki-duk se construit autour d'une métaphore assez transparente de la vie, c'est autour d'un personnage qu'Ostrov s'articule.

Ce personnage central, le père Anatoli, est un homme impossible et provocateur qui cause bien du souci à sa congrégation par ses manières fort peu orthodoxes. Le reste de la communauté, le reste du monde ne sont esquissés qu'au travers de la relation qu'ils entretiennent avec lui sans que l'on ait vraiment l'occasion de s'immiscer dans la psyché du père Anatoli (à une exception notable). Difficile, du coup, pour le spectateur comme pour les autres personnages, de faire la part des choses entre farce grotesque, accès de démence et enseignement chez cet individu dont la renommée (fondée ou non) de staretz capable de merveilles s'est répandue à l'entour. Le rythme du film, qui alterne lenteurs contemplatives et soudaines explosions, est à l'image du caractère tourmenté de ce moine pour le moins excentrique.

Un film atypique dans un cadre superbe. A voir.

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le 9 déc. 2013

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NotQuiteDead

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