L'Île par Le Blog Du Cinéma
Lecteur, tu es chaleureusement convié à partager l'antre mystique d'un réalisateur slave qui ne fait rien comme les autres...ou presque. L'Île est un film particulier, une retraite intérieure sous la voûte céleste de la sainteté, un vibrant hommage à l'anachorète Andreï Roublev, une aventure humaine au cœur de la vie monastique, une plongée dans l'univers de l'orthodoxie, une envoûtante odyssée à travers les peintures bleu-argenté du septentrion russe, une exégèse de notre livre commun : la Vie.
Echafaudé comme un triptyque (culpabilité, purgatoire, rédemption), L'Île raconte le destin d'un saint, charbonnier de son état, Anatoli. Dès les premiers plans, Lounguine nous immerge avec une puissance rare dans l'idiosyncrasie de son personnage. Le décor obscur de la deuxième guerre mondiale, une fois l'acte moral accompli (ce meurtre est le premier hommage à Roublev), célèbre la dimension slave de l'enracinement dans cette terre spartiate, le corps du héros aux oripeaux couverts de houille se confondant jusque dans les blocs de pierre noirâtres, le visage déjà contrit par le remords de son geste.
Cette scène d'ouverture contient toute l'essence du film, ce temple que vous pénétrez à pas de loup pour ne pas rompre la solennité de l'instant – Lecteur, tu te glisses subrepticement dans la Géhenne, théâtre emphatique de la vie et de la mort [...]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.