Deuxième adaptation du célèbre roman éponyme de H.G. Wells, L'Île du Dr. Moreau est donc réalisé plus de quarante ans après le film de Erle C. Kenton qui mettait en scène Charles Laughton, Richard Arlen et même Bela Lugosi. Pour cette nouvelle mouture, c'est le faiseur Don Taylor qui s'attèle à la tâche accompagné d'un Burt Lancester vieillissant dans le rôle-titre et du jeune et brillant Michael York dans celui du gentil héros. Comme sa précédente adaptation, le long-métrage fait subir des modification bienvenues au roman original...


En premier lieu, certains personnages changent ou s'intègrent à ce nouveau film, nous découvrons donc notre héros Edward Prendick devenir ici Andrew Braddock, mécanicien d'un bateau ayant fait naufrage sur la fameuse île. De plus, l'élément féminin issu du film de 1933 refait son apparition en la présence de Maria (la magnifique Barbara Carrera), et Montgomery, l'assistant du Dr. Moreau, devient ici un mercenaire fidèle mais peu impliqué. Pour le reste, l'intrigue reste la même, à savoir les mésaventures d'un homme lambda confronté à la folie d'un savant se prenant pour Dieu qui crée des êtres mi-humains mi-animaux en jouant avec la génétique.


Le sujet, d'une terrifiante réalité, continue donc de faire froid dans le dos. Don Taylor, déjà habitué aux films du genre (Les Évadés de la Planète des Singes) nous offre donc une mise en scène soignée et attractive, aux scènes parfois dures à peine adoucies par une certaine romance entre Andrew et Maria. On notera également les maquillages effectués sur les hybrides et certains effets spéciaux quelque peu désuets mais toujours aussi efficaces. Taylor ménage le suspense avec un rythme maîtrisé de A à Z, nous amenant peu à peu jusqu'à la désolation finale pleine de haine et de violence où les comptes sont enfin réglés (dès les expérimentations de Moreau sur Braddock, un passage par ailleurs absent du roman).


Et si le film a certes bien vieilli et reste par moments kitch, L'Île du Dr. Moreau n'en demeure pas moins une très bonne adaptation qui, malgré ses innovations (bien construites) et son final totalement inédit, reste globalement fidèle aux pensées de H.G. Wells. Ne manquait au film qu'un soupçon de poésie pour en faire un classique.

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le 4 avr. 2019

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