Island of lost souls ou comment réussir un film fantastique en 1932

Les principales critiques négatives concerneront probablement les costumes des hommes hybrides, qui ont forcément vieilli, ou bien la durée trop courte du film, qui bride forcément son déploiement. Je n'ai pas lu l'œuvre de Wells, et ne saurait juger de la fidélité de cette adaptation, bien qu'elle soit déclarée être "la meilleure" dans un article Wikipedia non référencé.
Charles Laughton que je découvre ici en tant qu'acteur est toujours juste, et incarne un savant fou convainquant et sur de lui, tout en nous épargnant le délire monomaniaque surjoué qui est souvent associé à cet archétype. Il peine à imposer une limite à ses ambitions, et si le dénouement de son expérience est sans surprise, le film brasse tellement de thèmes que la prévisibilité du scénario importe peu.
Le jeu sur les ombres est, par ailleurs, extrêmement réussi (particulièrement lorsque les personnages passent la porte qui les mènent à la jungle). L'ambiance du film et la sensation de huit-clos sont efficaces, et les répliques souvent fines. Comme quoi, un film fantastique peut impressionner sans effets spéciaux.
Je reste sur une impression très forte (peut-être se dissipera-t-elle après quelques semaines?), et ai le sentiment que ce film s'impose comme un incontournable dans sa catégorie.