Ce long métrage sur la vie d'expatriés dans une base militaire à Madagascar aux dernières heures de la colonisation est très travaillé dans sa forme et réalisé avec une grande maîtrise, beaucoup de soin et de finesse. L'attention portée au traitement du son, par exemple, est incroyable : une balançoire qui grince, des pas sur des graviers... Tout est fait pour inviter le spectateur à convoquer ses propres souvenirs et à ressentir cette nostalgie par analogies sensorielles. 

En déroulant l'histoire à travers le regard du jeune enfant, en faisant passer la question de la décolonisation en arrière plan, et en basculant progressivement le point de vue pour offrir un revirement assez inattendu durant sa dernière demi-heure, le film évite, avec beaucoup d'intelligence et d'habileté, de tomber dans une nostalgie qui pourrait finir par être dérangeante face à un tel sujet, voire taxée de néo colonialisme. 

Les déçus ont d'ailleurs sûrement été ceux qui s'attendait à un traitement plus politique et historique du sujet. L'intention du réalisateur n'est pas de proposer un récit documenté mais bien de passer par le sensoriel et l'évocation personnelle pour témoigner de cette période transitoire de l'Histoire. Tout se mélange et se bouscule dans la tête de ce jeune garçon, les souvenirs comme les émotions, la réalité comme la fiction (incartades totalement inattendues et surprenantes dans l'univers de Fantomette). 

La bande originale composé par le fidèle accolyte de Campillo, Arnaud Rebotini, contribue parfaitement à rendre compte de cette ambiance moite, du rythme lancinant de la vie de ces personnages au sein de cette base militaire, déconnectée du reste du Monde. Pour autant, plusieurs scènes en filigrane sont là pour nous rappeler le contexte. 

Nadia Tereszkiewicz est épatante une nouvelle fois. Elle incarne avec beaucoup de mélancolie et de profondeur ce personnage dont l'émancipation progressive de l'emprise conjugale est la métaphore de celle du pays qu'elle s'apprête à devoir quitter. 

Un dernier mot sur l'affiche, absolument sublime, que je cherche à me procurer par tous les moyens.

Fenetre_sur_salle
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le 14 août 2023

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