L'îlot
L'îlot

Documentaire de Tizian Büchi (2022)

L’Îlot n’est pas un continent de substance mais une belle expérience dans laquelle un quotidien a priori banal est transformé en environnement à l’atmosphère envoûtante grâce à la magie du cinéma.

À la suite d’un mystérieux événement, deux vigiles sont engagés pour surveiller et sécuriser l’accès à une rivière. Pendant leur pérégrination, Daniel (Daniel Nkubu) et Ammar (Ammar Abdulkareem Khalaf) auront l’occasion d’échanger sur le parcours de vie respectif et de rencontrer les habitants du quartier avoisinant.

S’il y a bien une chose qui caractérise l’être humain, c’est sa volonté de classer, organiser, ranger, étiqueter, catégoriser. Par exemple au cinéma, on adore distinguer la fiction, qui serait le pur fruit de l’imaginaire, du documentaire qui lui évoquerait un regard sur le réel. Et pourtant, le cinéphile qui sommeille en nous sait que chaque image d’un film capte un subtil mélange de réel et de fantaisie. Si L’Îlot a remporté le Grand Prix du festival documentaire Vision du Réel en 2022, c’est peut-être parce qu’il n’en est pas un. Plus que jamais, le metteur en scène Tizian Büchi subvertit le genre « documentaire » pour accoucher d’une œuvre baignée dans une lumière magique, où la forêt le long d’une rivière, se transforme en îlot romantique et magique.

Derrière cette ambiance envoutante, il y a bien une démarche fortement ancrée dans le réel. Il est évident que le film n’a pas seulement été tourné dans ce quartier singulier mais il également été coconstruit avec ses habitants, impliqués autant derrière que devant la caméra. Il y a quelque chose d’admirable dans cette démarche, car elle renvoie à une envie de cinéma élémentaire, pure, presque enfantine: celle de projeter son quotidien direct dans une dimension extraordinaire et fantastique.

Paradoxalement, c’est sur l’aspect « documentaire » (notez les guillemets) que le film convainc moins. Derrière leurs personnages fictifs de vigiles, Daniel et Kareem racontent leurs histoires de vie qui ne collent pas forcément avec le reste du dispositif. Le réalisateur s’attarde aussi trop sur les longues discussions des habitants du quartier, donnant l’impression de vouloir étirer un court-métrage en long. Le film compte un peu trop sur son atmosphère très réussie mais un peu plus de substance aurait peut-être transformé cet Îlot en continent.


el_blasio
6
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le 21 avr. 2023

Critique lue 33 fois

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