Alors qu'on soit clair avec ça : je ne cautionne absolument pas les khmers et la dérive militaire. Cela paraît tellement absurde de devoir commencer par là mais il le faut apparemment. Pour que ce soit clair. D'ailleurs, on l'entend bien à divers endroits, ce mouvement n'a rien de populaire.
Ceci étant dit, ça ne reste pas moins une propagande féroce, très en phase avec son temps, et qui sous couvert de subjectivisme et de niaiserie dans le discours et dans l'esthétique, se permet de mélanger des vraies images avec des images en carton pâte. On a déjà eu le coup avec Valse avec Bashir et Valse avec Bashir a été une hypocrisie culturelle majeure pour tous les pro-palestiniens du monde. Ici, on a un truc construit pour faire plaisir à la bourgeoisie et... ça fonctionne ! On aurait pu avoir une vision critique, populaire et constructive... et bien non... on a un "S.21" fait pour les honnête gens. Les démocrates qui aiment Valls mais qui n'aiment pas Hortefeux. Des pas biens méchants, mais qui en ont... des valeurs, monsieur ! Ces humanistes qui pensent que les affaires publiques se traitent dans les oeillères les plus subjectives.
Pourquoi est-ce une propagande ?
Voilà. Ce qui me met en colère, c'est cette subjectivité déformante, cette primitivité du "je" face à une réalité transcrite au cinéma. Alors, j'entends bien que le ressenti d'une personne est une réalité à part entière mais... je n'oublie pas que ce ressenti est sur un support cinématographique de sorte que ce ressenti soit appliqué aux consciences des spectateurs, avec leur propres ressentis et leur propre réalité. Cette application est une déformation du ressenti d'un seul pour toutes les consciences et j'y vois là la règle la plus élémentaire de ce que peut être une propagande, dans la veine, dans le processus de ce qui a été fait avec la Birmanie.
Ce Tout-subjectivisme est d'autant plus abêtissant que "L'Image Manquante" est devenu un document de référence pour traiter l'histoire cambodgienne.
Ce caractère très réduit de la réalité ne permet à aucun moment de s'interroger sur la radicalisation politique. Sous prétexte qu'aucun régime ou acte humain ne devrait légitimer de telles horreurs, Rithy Panh se permet de ne jamais revenir sur les causes, ne retourne jamais à l'essentiel, même un instant. Mieux ! Il se permet une somme de non-explications derrière des monceaux de sarcasmes tranquilles. C'est pourtant ainsi que l'auteur s'interroge sur son passé : en prenant des conséquences pour argent comptant et nous les vendre, à nous occidentaux, comme des fait divers à dénoncer... tranquillement.
Alors la question est : cette vision fait-elle avancer le genre humain ? Est-ce que Rithy Panh nous offre un moyen de comprendre la raison des Khmers autre que l'idéologie qui les animait ?
Tout ce que j'en pense, c'est que l'auteur voulait fédérer sur ce sujet, en humanisant à fond.
Humaniser a certes beaucoup de sens, c'est une victoire même, mais ce n'était que la première demi-marche d'un escalier haut et pesant. Ma conscience sur le sujet n'avait vraiment pas besoin d'être réduite à une peau de chagrin. La richesse des images d'archives n'y feront rien désormais.
FIN DE CRITIQUE
J'ai eu cependant une question très intéressante.