Difficile de noter ce film dans le sens où ce n'est pas l'oeuvre censée être vue que nous voyons. En effet, 'L'image vagabonde' est un film qui a été perdu, puis retrouvé (au Brésil) mais auquel il manque plusieurs parties (vous me direz, c'est une habitude avec ce bon vieux Fritz). Un intertitre ouvre d'ailleurs le film, signalant le problème et précisant que pour palier à l'absence de plans, il y aura plus de textes. Soit.
Je ne sais pas si c'est la faute au remontage mais en tous cas, l'histoire est assez mal ficelée ; certaines scènes sont incohérentes, puis surgissent des évènements incompréhensibles, et cela, aucun texte ne vient expliquer. Les personnages posent aussi problème du fait qu'ils ont l'air de faire à peu près n'importe quoi. Il y a aussi un gros problème de rythme en ce qui concerne le montage ; certaines scènes sont trop longues sans qu'il ne se passe rien d'exaltant.
Bon j'exagère un peu. On comprend une trame de fond. il n'empêche que c'est mal rythmé que les évènements arrivent de façon incongrue et convainquent difficilement. Mais bon. C'est difficile de juger. Car est-ce vraiment la faute du scénariste? Ou bien est-ce la faute au remonteur? Ou bien simplement les pertes étaient elles si grave qu'il n'y ait pas eu moyen de mieux faire? Malgré tout, je me décide. Je tiens compte de la narration pour noter ce film. Après tout, une oeuvre continue à vivre une fois libéré de son créateur. Souvent on cite les oeuvres lorsque ça se passe bien, et on monte même la note. Alors pourquoi pas l'inverse? Tant que le pourquoi du comment est signalé, cela me semble légitime. Le film m'a donc déplu pour cette narration maladroite.
Ce qui m'a en revanche beaucoup plu, c'est l'image. La majorité des plans sont superbes. Les compositions sont toujours équilibrées et intéressantes quand elles ne sont pas carrément audacieuses. Lang a l'oeil photographique et ça aide à mieux faire passer ses films. En plus il utilise ici un procédé de coloration pour les pellicules, passant alors d'un sépia à un bleu profond sans vergogne. Cette méthode permet d'atténuer légèrement les contraste et de rendre l'image plus vivante (sans parler de l'apport narratif). Puis ce que j'aime avec cette vieille pellicule, c'est qu'elle met en valeur la perspective atmosphérique (le fait que plus ce que l'on regarde est loin, plus clair il est ; les montagnes du début, par exemple, sont un bon exemple de ce qu'est une perspective atmosphérique : plus elles sont loins, plus elles sont claires et se fondent presque dans le ciel). Les acteurs ne sont pas particulièrement bons, faut dire que leurs personnages ne sont pas particulièrement intéressants non plus (je pense que le scénario d'origine ne devait pas être génial).
Bref, un film beau, très beau, mais chiant, très chiant.