Mélodrame populaire et pourtant politiquement engagé
Ce grand (3 heures) film populaire égyptien permet de retrouver - à l'heure de sa déliquescence dans la corruption omniprésente, sous la menace d'un islamisme de plus en plus radical - la joyeuse énergie de la société égyptienne, si bien chantée au cours des dernières décennies par Youssef Chahine. Malheureusement, Marwen Ahmed n'est pas Chahine, et, s'il évite l'artificiel brillance de nombre de films "choraux" récents, sa mise en scène a la lourdeur de l'éléphant lorsqu'il dénonce les méfaits de l'intolérance, ou tout simplement de la mesquinerie. Si "l'Immeuble Yacoubian" finit par captiver son spectateur, c'est qu'il bénéficie de l'interprétation impeccable d'un casting "all star" du cinéma égyptien (Adel Imam dans un rôle central qui pourrait être ingrat, dégage une sensibilité, une émotion bouleversantes). Au final, si l'on est loin du chef d'oeuvre, on se dit néanmoins que cela fait belle lurette que l'on a pas vu le cinéma populaire français produire un tel film, à la fois mélodrame populaire et politiquement engagé.