Co-production entre la Daei et Run Run Shaw le hongkongais qui s'apparente à un film de commande pour Mizoguchi où il parvient malgré tout à insuffler sa grâce épurée. Pour son premier film en couleurs, dont l'utilisation est plutôt remarquable, la réalité historique est assez déformée puisque la famille Yang et l'impératrice sont censés être de froids calculateurs alors que le film présente une femme forte et modèle qui charme naturellement l'empereur en dépit de sa condition d'esclave, poussée par sa famille bien plus avide de pouvoir qu'elle. Un parallèle intéressant avec Mizoguchi lui-même qui respectait infiniment la Femme mais avait la réputation d'être plutôt odieux avec elle.
Le réalisateur est certainement plus personnel et grandiose dans ses films intimistes en noir et blanc. Ici, comme dans Le Héros sacrilège, l'envergure du budget et le nombre conséquent de figurants dépeignent une fresque royale bien tenue mais un brin impersonnelle. Il y a aussi quelques aspects assez étranges puisque l'ambiance très nippone et la version originale japonaise décrivent l'histoire de la cour chinoise. Les us et coutumes prennent ainsi une touche japonaise qui ne dénote pas trop étonnamment, nous emportant dans une vision toute particulière d'une cour plus ou moins imaginaire.
Pour autant, l'introspection est assez simple mais réussie. Masayuki Mori, toujours d'une froideur impeccable, incarne bien cet empereur musicien et respecté qui se souviendra à jamais de la fête du jour de l'an qu'il a vécu avec le peuple. Ce qui est un énorme moment de liberté pour lui correspond pour nous à une simple soirée animée. Dur d'être l'empereur.