Contrairement à nombre de ses compatriotes et collègues, Kenji Mizoguchi les deux seules fois où il a utilisé la couleur s'est pas franchement montré un as. Sa photographie est franchement pâlichonne et pâteuse. Et du pâlichon pour un sujet de mélodrame passionné, ça le fait pas... On aurait dû avoir au contraire une photo flamboyante, qui brille de mille feux façon Douglas Sirk.
Autre problème : le ton du film. il est difficile à comprendre pourquoi Kenji Mizoguchi a traité une histoire au potentiel "mélodrame passionné" formidable comme un simple drame. Le réalisateur se retient et c'est fortement regrettable, ça ne demandait qu'à exploser. Dommage car ça vient du cinéaste qui a donné le passionné "Les Amants crucifiés".
Doublement dommage car le début et la fin, j'ai même été à deux doigts de verser une larmichette lors de cette dernière autant pour la scène elle-même que pour le potentiel gâché, sont excellents dans l'intensité et l'inspiré et auraient mérité entre les deux quelque chose de mieux. Il y a quand même quelques belles séquences où le réalisateur sort de sa torpeur comme la sortie incognito de l'empereur et de sa concubine ou encore l'exécution de cette dernière.
Et pour finir dans le dommage, il y a trop d'ellipses ce qui empêche un peu d'approfondir les protagonistes et les sentiments qui les lient.
Bref pour moi, Mizoguchi était bien meilleur quand il tournait en noir et blanc et qui ne s'autorisait pratiquement aucune retenue sur le ton.