L'Impitoyable Lune de miel par Cinemaniaque
"Le bon goût, quelle horreur ! Le bon goût est l'ennemi de la créativité !"
En citant Picasso au générique, Plympton donne d'emblée le ton : oui, son style dérange, et il nous emmerde car il est libre et s'épanouit dans son art de la sorte. Bill Plympton, c'est un peu comme si Terry Gilliam et Russ Meyer avaient eu un gosse ensemble... Imaginez ! Fort heureusement, Plympton sait aussi ce qu'il fait : il en faut du courage pour passer d'un couple d'oiseaux en train de forniquer à un long métrage science-fictionnel ! Le génie du cinéaste consiste indubitablement à redéfinir le mauvais goût en fonction de ce que l'on voit, de ce qu'on entend : ce n'est pas tant les scènes de sexe ou de violence qui choquent dans "L'impitoyable lune de miel" que les émissions TV débiles et les tarés de la course à l'audimat. Car c'est aussi ça le Bill, une critique à peine voilée de ce qui ne va pas dans notre monde de brutes, sous couvert de délires surréalistes et totalement déjantés.
Bien plus abouti et maîtrisé que The Tune précédemment, L'impitoyable lune de miel s'avère être un moment de trip constant, où l'érotisme, la violence et le sérieux sont systématiquement tenu à distance par un humour noir et une dérision permanente. Quant aux éventuels détracteurs qui ne qualifieraient pas cela d'art, je renvoie à la deuxième citation du film, signée Hermann Göring : "Quand j'entends parler de culture, je sors mon revolver".