Petite remise en contexte avant d’aborder cette comédie dramatique américaine de 1943, issue elle même d’une pièce de théâtre de John Van Druten ayant fait fureur au début des années 40 avec 170 représentations.
Bette Davis et Miriam Hopkins sont de vieilles connaissances, elle avaient déjà partagé l’affiche 4 ans plus tôt dans « La vieille fille » de Goulding (Goulding que l’on retrouve à l’adaptation scénaristique de « Impossible amour »). Autant l’avouer tout de suite, les deux ne peuvent pas se voir. Hopkins suspecte Davis d’avoir une liaison avec son mari, anecdote assez amusante quand on connait le synopsis du film.

Katherine (Kit) Marlowe (Bette Davis), écrivain reconnue plus par la critique que par le public revient dans sa ville natale pour une conférence. Elle y retrouve Millie Drake (Miriam Hopkins) sa meilleure amie et amie d’enfance, mère au foyer baignant dans la joie. Elle révèle alors à Kit son ambition de devenir également écrivaine, pour avoir une vie comblée, soit un mari, un enfant, une maison et une carrière. Devenue auteur à succès mais également arrogante et suffisante, elle en délaisse son mari qui s’attache de plus en plus à Kit, célibataire humble qui ne se contente que du bonheur de la fille du couple.

Voilà maintenant une petite dizaine d’années que le code Hays (code de censure d’Hollywood) est passé et ce qui aurait pu être une film mordant sur l’ambition et la démesure de ces femmes fortes de caractère reste au stade politiquement correct de la comédie dramatique et de l’honneur féminin. Ce qui est d’emblée décevant quand on connait la puissance de jeu de Davis et Hopkins. Puissance d’ailleurs partiellement maitrisée, Vincent Sherman signe ici un de ses premiers films et la direction de ses acteurs lui échappe quelque peu.
Si Bette Davis, habituée plutôt aux rôles de méchante sème-merde hautaine et insolante, (avant tout mal entendu, j’adore cette actrice, je ne dis pas ça par méchanceté) elle compose ici un personnage fort, entier et compatissant. A contre emploi de son caractère naturel, elle dégage une subtile nuance de calme et sérénité teintée d’une tristesse contenue.
Je disais partiellement maitrisée car on se trouve en présence d’une Miriam Hopkins complètement hystérique qui décrédibilise tout son personnage. Peut-être était-ce le ressort comique du film, ou alors était-ce pour faire ressortir le contraste entre les deux personnages Kit et Millie ? Quelqu’en soit la raison, cela perturbe l’équilibre d’un film qui avait un plus grand potentiel.
Je passe rapidement sur Gig Young, simple engrenage nécessaire dans le scénario, relégué au second plan et complètement effacé derrière les deux actrices. Idem pour les autres personnages qui ne font que graviter autour des deux actrices pour relancer le scénario.

Comme je le disais précédemment, le film est tiré d’une pièce de théâtre et malheureusement Sherman n’arrive pas à adapter complètement la mise en scène de son film, et il reste continuellement des plans typiques que l’on pourrait retrouver au théâtre. Si ce n’est pas dérangeant en soit, on peut regretter le manque d’audace du réalisateur qui livre malgré tout une mise en scène classique et relativement efficace.

Voilà donc un film à potentiel, porté par ses actrices et plus particulièrement Bette Davis mais qui en dépit d’une multitude de petites erreurs, approximations et manque d’audace, ne pourra jamais jouer dans la cours des grands.
Rumol
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le 3 nov. 2014

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