Musique d'orchestre et vastes paysages, le film démarre sur des plans magnifiques, Nomura est définitivement très fort en matière d'introduction... Puis petit à petit, les terres rurales nippones laissent place à une morte forêt, des gens qui s'affairent et un corps gisant sur le sol. En simplement quelques secondes l'ambiance retombe, on comprend immédiatement la nature de cet hélicoptère, dans lequel "nous sommes", qui jusqu'alors ne faisait que survoler le Japon:
Hiroshi, 19 ans, a ôté la vie de Hatsuko, 23 ans, avec un couteau. Le tueur connaissait la victime, c'est la soeur de sa femme enceinte avec qui il semblait, aux yeux de tous, en très bons termes.
La scène d'introduction terminée on atterit quasi directement dans un tribunal, on juge Hiroshi. L'ambiance est glaçante, sombre, l'heure n'est pas vraiment à la rigolade. Pendant que l'accusation se tue à essayer de condamner le jeune homme, la défense essaye de comprendre ce qui a pu pousser ce même homme, sans antécédents, à commettre un meurtre. Au fur et à mesure que les minutes passent, que les témoins racontent leurs histoires à la barre, on en apprend plus sur la vie d'Hiroshi et de son entourage...
Nomura signe ici un film d'une implacable noirceur. Le fait de savoir d'emblée qui est le coupable du crime enlève toute notion d'espoir à son égard, la fatalité est omniprésente, on sait pertinament que dans le meilleur des cas il ne sera pas là pour les premières années de son futur enfant. La seule chose à laquelle on veut et peut encore croire, c'est à l'adoucissement de la peine... Maigre compensation.
L'esthétique du film est telle le sujet: (hormis durant les premières et dernières minutes) les images sont ternes, froides, presques intimidantes, le tout sublimé par une musique toujours aussi puissante, véritable marque de fabrique du réalisateur, ainsi qu'un lot d'acteurs irréprochables. La narration quant à elle est justement dosée entre des scènes de tribunal, flashbacks et interrogatoires, qui s'alternent dans le but d'assembler le puzzle qui nous mène vers la vérité. Mais là où le film fait vraiment fort, c'est dans sa manière d'aborder le sujet. Ce qui nous intéresse ici, ce n'est pas de savoir qui a tué et pourquoi, mais de comprendre l'Homme de manière générale. On ne cherche pas à défendre l'indéfendable comme dans certaines affaires, mais à vouloir mettre en valeur des éléments personnels pouvant atténuer la sentence finale. Ce sont parfois des détails qui peuvent transformer une peine capitale en léger emprisonnement, et The Incident en est la preuve directe.