Dans le but d’éliminer tout malentendu au sujet des lignes qui suivent, je me dois de préciser immédiatement la chose suivante: je suis hétéro. Virulent.
Attention, ce postulat n’a rien d’idéologique. L’idée même de défiler avec les grenouilles de bénitier fanatisées défendant des idées déjà discutables au Crétacé serait susceptible de me faire illico préférer la back-room du Queen en guise de déniaisement radical.
Non, il ne s’agit que de simple biologie, matinée d’une psychologie imaginative et banalement maladive.
Pourtant, au moment de choisir un film ou des homos s'aimaient au bord d'un lac plutôt que de voir des tafioles semer des ballons au fond d'un Parc, je me mettais subitement à douter. Jusqu’à quel point était solidement établie ma sexualité ?


vous allez enfiler un bel et sombre inconnu


Dernier point pour conclure cet introduction dramatiquement autocentrée, il me faut indiquer que le lac qui sert d’unique décor à ce film atypique à bien des égards n’est distant de ma modeste demeure que d’une raisonnablement courte distance. Néanmoins, pour qu’encore une fois les choses ne souffrent d’aucune confusion (ce côté pédagogique qui fait que vous m’aimez tant), indiquons que le Var, théâtre de ce huis-clos à ciel ouvert, est un département connu pour les accointances de ses élites politiques avec un système mafieux de large envergure, qui tient d’une tradition aussi longue que le beurre d’anchois et les prémisses de la pissaladière. En cela, cet auguste espace administratif se distingue des Alpes-Maritimes, dont les affections délinquantes ont de tout temps été tournées vers l’international, les réseaux russes actuels permettant d’illustrer de manière incisive ma démonstration.
Rien à voir, donc, avec mon chez-moi, les Bouches du Rhône, haut lieu de la galéjade ensoleillé et de l’humour vif où viennent, ça et là, éclore un ou deux épisodes accidentels pendant lesquels une vieille arme de guerre rouillée, insidieusement glissée entre d’innocentes et malhabiles mains par un représentant d'un des deux département voisins sus-nommés, provoquent un épiphénomène spectaculaire dont se saisit aussitôt (et avec délectation !) une capitale jalouse et vengeresse, pour stigmatiser de manière injuste un lieu insolent de beauté et de singularité. Marseille et sa région, c’est la richesse de la diversité, plus quelques corses.
Mais je m’égare.


du bois où l’on fait des pipes


Si le film de Guiraudie ne manque pas de qualités, il me semble surréaliste de l’affubler d’épithètes aussi excessifs que ceux qu’ont bien voulu utiliser une presse hexagonale jamais avare d’excès de flagorneries et d’aveuglement. Génial , sidérant, magistral, poétique, cet inconnu du lac ? Il s’en faudrait de peu pour que je subodore une massive présence homosexuelle dans les rédactions éditoriales de la presse artistique parisienne pour porter à ce point aux nues un exercice certes singulier mais aussi terriblement perclus d’inutiles excès. Mais je ne voudrais pas me montrer coupable d’une telle faiblesse intellectuelle et souhaite que vous réfutiez avec moi une telle idée.
Détaillons les pour et les contres.


Il lèche sur le lac majeur


Le côté cru ("réel" selon Libé) et moderne suffit-il à faire un grand film ? Ce qui marche hallucinamment bien sur une scène comme celle de la disparition d’un baigneur devient d’une parfaite gratuité dans le répétitif des actes sexuels. Si Guiraudie cherche à effrayer ou repousser le bourgeois par ses plans explicites (au delà de la réussite stupéfiante du scandale grotesque son affiche), leur répétition fixe un peu trop pesamment la notion. Ce qui est parfait dans la description -au scalpel- de la nature des rapports entre garçons dans la France des années 2010 (l’amour, le risque) devient un peu vain lorsqu’il s’agit de mettre en scène un ou deux personnages secondaires dont la pertinence laisse circonspect.


Je te prends, homo


Et bien sûr, la conclusion de ce qui est devenu au fil des minutes un thriller réaliste est toujours éminemment casse-gueule et mon humble avis est qu’en la matière, cette fois encore, l’exercice n’est pas pleinement réussi.
Reste un film qui fait entendre une voix suffisamment singulière pour vous donner envie d’arpenter les bords d’un lac mystérieux ou les silures de 5 mètres ne sont pas les animaux à longue queue les plus redoutables. Faudrait même être une sacrée mauviette pour avoir peur de plonger dans l’eau trouble de ce lac, calme qu’en sa trompeuse surface.


Moralité, faire le guet quand on est gay ne rend pas forcément gai.
Pouf pouf.

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le 7 nov. 2013

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guyness

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