L'inconnu du lac est d'abord un film lumineux. Lumineux au premier sens du terme, l'action se déroulant en plein été sur les rives ensoleillées d'un lac du sud de la France. La chaleur se voit, se sent et s'entend. On a envie de se garer nous aussi à l'ombre des arbres, de suivre un des petits sentiers menant à une plage et de se plonger dans l'eau fraiche. Le film de Pierre Guiraudie est d'abord un film sensitif.
Mais c'est aussi un film lumineux par sa mise en scène. Elle repose sur pas grand chose : le ballet des voitures puis celui des regards et enfin celui des corps. Une unité de lieu : le Lac. Trois personnages tout au plus : la proie, le prédateur et le témoin. Et un soupçon de mystère...
Car L'Inconnu du Lac emprunte à Chabrol ou à Hitchcok pour nous servir un fascinant thriller teinté de fantastique. De qui les jeunes baigneurs retrouvés noyés sont-ils victimes ? Du silure géant - sorte de monstre du Loch Ness que certains assurent avoir aperçu rôder ici ou là - ou de Michel, qui avec ses allures de Freddie Mercury a vite fait de séduire Franck, jeune mec de la ville à la recherche de sensations fortes ? Et ce dernier de ne plus savoir à qui se fier : à Henri, un brave type un peu seul qui lui accorde amitié et confiance ou à Michel qui lui procure passion et plaisirs ? Vous le saurez. Mais au delà de la résolution de cette énigme, le film se termine sur une part d'ombre comme si l'essentiel restait inexpliqué. C'est dérangeant, contrariant - énervant même si l'on en croit certaines critiques un peu sévères - mais c'est aussi très intéressant.