Les silures ne sont pas tous dans l'eau !

L'été, un lac, un bois, des hommes nus, un mystérieux meurtrier : un inconnu. Voilà comment se présente le film d'Alain Guiraudie.

C'est une sorte de conte noir qui dépeint un univers particulier. Dans un lieu où l'on peut laisser libre-court à ses désirs, loin de tout, isolé, Alain Guiraudie immisce le meurtre qui vient perturber ce microcosme. Volontairement hors du temps, notamment grâce à une absence totale de repères avec ces looks pas actuels mais pas vieillots non plus, ces voitures que l'on ne voit plus beaucoup aussi, L'Inconnu du lac est un film du détails. Une oeuvre très minimaliste à l'efficacité redoutable, le décors est planté en quelques plans et le schéma se dessine rapidement pour mieux inviter le spectateur. On sait où l'on est sans jamais savoir où l'on va. En terme de mise en scène c'est la même chose, simple mais efficace et redoutable. Une parfaite transposition des émotions des personnages, notamment celles de Franck campé par Pierre Deladonchamps, parfait dans ce rôle.

Le film parle également du sexe de façon explicite, ce qui n'est d'ailleurs pas un défaut, autant raconter les choses à fond. Cependant voilà, bien que la façon de traiter le sujet soit intéressante on ne peut pas dire qu'elle demeure accessible. La procédure est sans concession et il faut s'y attendre.
Il faut aussi faire mention de la contemplation, très importante dans le film. La contemplation des paysages, l'écoute de la nature et bien entendu la représentation de la nudité. Certes cette dernière est frontale ici, mais elle n'en demeure pas moins percutante et juste, Guiraudie ne filme pas des mannequins aux mensurations parfaites, le film n'idéalise pas les corps, tout comme les actes des personnages ou leurs moeurs, il les représente purement et simplement. On parle aussi du désir et du danger, la peur qui s'installe et la tentation qui l'accompagne. Bien entendu on pense au sida également. Cette romance malsaine mais passionnée, ce désir de l'autre, magnifiquement rendu à l'image.

On le cataloguerait facilement comme un simple film indépendant supplémentaire, mais "L'inconnu du lac" malgré sa forme hermétique pour ceux qui ne s'y seraient pas préparé est un film pourtant profond et juste dans ce qu'il raconte. Entre symbolisme et représentation crue, un film qui ne manque pas de singularité.