L’inconnu du Lac est un film ultra sincère, hyper sensible. Aucune musique venant souligner un sentiment ou une situation. La lumière de la nuit recouvre les personnages et les tensions, quitte à ce que nous ne voyons qu’un faible éclat sur la pommette de Pierre Deladonchamps. Mais surtout, et c’est bien là tout l’honnêteté de ce film : on voit tout ce qui doit être vu. Le corps et l’amour sous tous leurs angles. Les corps, humains, entiers, de différentes formes, sont un énième élément du décor. Parmi les arbres, les feuillages, les herbes hautes. Allongés, agenouillés, debouts. Tout est montré sans fausse pudeur, toutes les beautés sont explicitées. Car L’inconnu du Lac est un beau film. Il est beau dans son authenticité, sans en faire trop, jamais. Certains plans restent néanmoins très picturaux, notamment celui du vieil homme allongé, odalisqué, seul au milieu des herbes folles. Mais il est surtout beau dans la démonstration du sexe et de l’amour, ce qui m’a beaucoup touché. Pourquoi ne pas montrer cette réalité ? Avec ses tentations, ces érections, ces masturbations, ces fellations et ses éjaculations ? Au même titre qu’une plage, un maillot de bain, une conversation ou un meurtre. Toute la force de ce film réside dans le fait de montrer ce qui doit l’être, appuyé par un amour malsain et des tensions de différentes origines qui viennent tantôt illuminer puis obscurcir les après-midis de Franck. Au-delà d’être beau, c’est un film intelligent. Qui nous fait respirer sur une crique qu’on ne quitte jamais, qui nous étouffe dans les bois sombres obstruant la vie ailleurs, sans jamais se sentir trop isolé. Qui explore notre propre voyeurisme. C’est un film intelligent qui nous traîne vers une addiction douteuse, aveugle mais humaine pour finalement nous pousser dans une terreur qui transforme la passion suintante en cauchemar glaçant.