Kriss-Kross.
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le 2 oct. 2013
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L'inconnu du nord express est un classique qui m'attendait depuis plus de quinze ans. Hitchcock, ce n'est pas un nom que l'on ignore. Et puis le film est culte.
Pourtant, toutes ces années, je suis passée à côté. Je le voyais sur le bord du chemin, sur ma DVDthèque, mais sa présence silencieuse n'était pas suffisante pour que je saute le pas.
Et puis 2017 est arrivée. Commencer une année par un film moyen, c'est un peu moyen justement. Pourtant, c'est ce que j'ai fais. Alors il fallait me rattrapper. Avec un film d'un tel réalisateur, difficile de se tromper. Alors j'ai sauté sur le premier DVD du coffret que je n'avais pas encore regardé.
Alors voilà, 2017 a été commencé moyennement, mais le moteur est chaud et le niveau qualitatif remonte d'un cran avec ce film. Un sacré cran.
Avec l'inconnu du nord express, Hitchcock nous offre un thriller passionnant à base non pas de meurtres calculés, d'alibis bien préparés et de techniques meurtrières éprouvées, mais à base de psychologie. Et ça ma brave dame, on ne fait pas mieux.
Comme beaucoup, je savais qu'il était question de deux inconnus se rencontrant dans le train et d'un échange de meurtre. Mais c'est bien plus que cela. Bien plus fin, bien plus passionnant, bien plus opressant, bien plus savoureux.
Robert Walker est absolument merveilleux dans le rôle de Bruno. De quoi vous faire regretter une carrière si courte.
Son personnage, un homme psychotique vivant dans un sombre monde de fiction, ignore tout du second degré et alterne avec brio entre le gentleman un peu maladroit et trop enthousiaste et le tueur manipulateur prêt à tout pour atteindre ses objectifs et qui réagit tel un enfant borné lorsqu'il se voit confronté à la réalité (non, ce n'est pas bien de tuer, non, personne ne t'a demandé de tuer personne, non, on ne tuera pas ton papa pour toi). Un vrai bon méchant comme on les aime. Car son comportement, renforcé par l'attitude de sa mère, n'a rien d'extraordinaire. Une personne aussi malade, sans traitement, nous pourrions nous aussi en rencontrer. Sa folie n'est pas évidente de prime abord, l'incapacité de son père à le faire interner et les sur-couvades, presque des encouragements, de sa mère explique parfaitement qu'il soit toujours libre et malade. Et c'est aussi ce qui le rend si terrifiant. Car un homme sain peut toujours être raisonné. Il fonctionne sur les mêmes bases même si ses actions sont mauvaises. Mais le temps de comprendre que Bruno est fou, le temps de comprendre comment fonctionne son esprit malade...
L'acteur l'incarne avec brio, ne laissant pas la folie submerger le personnage, mais la laissant apparaître subrepticement à certains moment clés, discrètement mais surement. Il alterne entre le gentil garçon, le gentleman et le maniaque avec talent, donnant à son personnage une carrure et un charisme nécessaire au film et à son suspens.
Face à lui, Farley Granger, en jeune homme prometteur, incarne l'homme lambda qu'il fallait. Un pauvre bougre un peu trop confiant, un peu trop gentil qui manque de méfiance, peut parfois s'emporter mais reste un bon bougre.
Et lorsque le bougre en question se retrouve coincé dans la toile de l'arraigner, qui pourrait le blâmer d'agir comme il le fait ?
Qui n'a jamais prêté une oreille à un inconnu dans les transports en commun, histoire de ne pas le blesser ? Qui n'a jamais dit à quelqu'un qu'il trouvait ses idées bonnes, pensant qu'il n'y aurait aucune conséquence, simplement pour s'en débarrasser sans être rude ? Qui, dans une situation inextricable, sachant que l'on ne le croirait pas, n'a pas tenté de gérer une crise tout seul, quitte à s'enfoncer davantage ?
Guy est le gars normal par excellence, qui pourrait aller loin mais risque de sombrer profondément.
Et son interprète lui donne vie parfaitement bien. Sans jouer les héros, mais sans sombrer non plus dans l'idiotisme. De quoi vous faire vous demander s'il s'acquittera de sa part du marché ou non. Et s'il s'en tirera.
La mise en scène du maître est quant à elle, sans grande surprise, excellente. Ce meurtre montré par le biais des lunettes de la victime... Cette scène dans les escaliers de la demeure des Anthony... Cette partie de tennis interminable dans laquelle s'intercalent les passages où Bruno tente de récupérer le briquet... et celle où les deux hommes discutent, Hitchcock les faisant jouer avec les barreaux de cette grille...
Ce film est un chef d'oeuvre et le réalisateur a sut à merveille faire monter la pression tout au long de son film afin de nous faire retenir notre souffle et trembler jusqu'à la fin.
Sa mise en scène des acteurs, ses prises de vues, ses jeux d'ombres, tout est parfait et alors que j'y réfléchis bien, il est difficile de trouver quoi que ce soit à redire au film... (Peut être le fait que Bruno se fasse quand même bien remarquer alors qu'il est sensé agie incognito, mais la chose fait partit de son personnage...)
Amateurs de thrillers psychologiques, de méchants démoniaquement réalistes, de pièges finement tissés, sautez sur ce film si ce n'est déjà fait, voilà tout ce que j'ai à dire...
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Créée
le 12 janv. 2017
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