Un allosaurus de 150 millions d'années témoigne.
Un mot sur ce documentaire que je note et recommande sans l'ombre de la plus petite objectivité. D'ailleurs comment le pourrais-je ? J'ai vu ce court métrage sur grand écran en présence de l'acteur principal lui même ! Et là je fais une parenthèse pour tous ceux qui font des listes énormes blindées de noms glorieux et d'enthousiasme débordant en hommage à tous ces merveilleux moments artistiques passés en salles en présence de réalisateurs, acteurs et autres producteurs de renom... LAISSEZ MOI RIRE. Moi j'ai vu un documentaire sur un allosaurus fragilis en présence... euh.. d'un allosaurus fragilis.
Le dénommé "Big Al" est en effet un "jeune" allosaurus "vieux" d'environ 150 millions d'années dont le fossile, découvert en 1991, est rapidement devenu star et représentant de son espèce dans le domaine de la paléontologie, principalement pour son état exceptionnel de conservation et d'intégralité. L'animal, mort prématurément avant d'atteindre sa taille adulte, mesure environ 10 mètres pour un poids estimé à près de 2 tonnes.
C'était il y a deux ans maintenant, alors qu'au détour d'un prospectus j'apprenais que Al, tout comme moi à ce moment précis, était en visite au Mans, France après un long voyage depuis le Wyoming, USA. C'est le premier squelette complet de dinosaure que j'ai vu, et c'est de plus le squelette de mon dino préféré depuis que je suis en âge tout à fait lucide et raisonné de penser que ces animaux étaient parmi les plus grandes (dans tous les sens du terme) merveilles de cette Terre. C'est aussi la première fois que j'ai pu me rendre réellement compte que c'était bien l'une des plus belles choses que j'ai jamais vu et qui, d'un point de vue tant esthétique que purement fantasmé, atteint une perfection rare.
(squelette d'allosaurus : http://2.bp.blogspot.com/_KVSEDm1G8l8/TKsKq1Q3eyI/AAAAAAAAAb0/KMnPrAlCTl8/s1600/1.jpg)
Ayant passé toute mon après-midi ébahi devant ce colosse de pierre (oui, les squelettes de dinos ne sont pas constitués d'os mais de pierre, le processus de fossilisation procédant de tel manière que... bref) au milieu des groupes de gosses bouillonnants et autres vagues de parents pressés, les responsables du musée m'on demandé si ça m'intéressait de profiter du film réalisé à partir de cette somptueuse relique d'un dragon magnifique (nan il ne me l'on pas proposé avec ces mots hein, mais ça aurait pu se traduire comme ça dans ma tête). Et c'était partie pour une projection privée de ce doc dans une salle annexe, à tout juste quelques mètres de sa star principale.
"La Ballade de Big Al" est un court-métrage documentaire extrêmement bien foutu à tous les niveaux (là j'essaie d'être objectif), réalisé à partir de l'état de conservation tout à fait unique de Al. A partir de l'étude minutieuse de la plupart de ses fragments, et des déductions que les diverses marques qu'arbore son ossature pouvaient laisser suggérer, Tim Haines et quelques autres on réalisé ce film, histoire d'un allosaurus fragilis de sa naissance à sa mort, dans un monde aussi béatement poétique que brutalement bestial. Des premiers gazouillis du petit Al de 3 mètres, à l'affût de dîner facile près des marais vaseux, gigantesque garde manger où s'embourbent les imprudents, jusqu'à sa première chasse en meute alors qu'il mesure tout juste 9 mètres (encore petit et choupi), évitant les coups de pattes et de fouet des dantesques diplodocus pour isoler une proie au milieu d'un désert aride et se gorger de sa chair lacérée, jusqu'à sa mort prématurée, on suit ce gros lézard, arrière arrière arrière arrière [...] arrière grand père de nos aigles royaux et autres pigeons actuels dans chacun des moments clefs de sa vie, tous lus dans les scarifications de son illustre structure.
Agrémenté d'une BO qui détonne et de quelques scènes mémorables, voilà un doc tout à fait recommandable pour qui s'intéresse un peu au sujet, et surement un des mieux réalisés et le plus à jour quant à l'actualité des découvertes scientifiques.