Quand le titre d'un film passe de « Dolphin Tale » à « L'incroyable histoire de Winter le dauphin » on se demande quel est l'incroyable gland qui a été payé pour trouver un titre aussi incroyablement cul-cul. Mais soit, passons cet énième détail mercatique qui nous fait une fois de plus croire que les distributeurs nous prennent pour des attardés.
Un môme n'a pas de père, a son cousin — et idole — qui part se battre en Irak, il ne brille pas à l'école, et se trouvera enfin une passion après avoir sauvé un dauphin échoué, Winter. Un synopsis bateau mais inspiré d'une histoire vraie, où toutes les occasions de tenter de faire couler les larmes y passent, que ça soit le départ du cousin (puis son accident), sa rencontre avec le poisson et son amitié avec celui-ci, sans oublier la joie maternelle de voir son fiston être enfin intéressé par quelque chose.
C'est pesant, et même les brefs instants d'humour finissent par glisser vers le mélo, une simple bataille d'eau se transformant en un ralenti sous-marin censé faire sangloter.
Il n'y aura que Morgan Freeman pour venir apporter un peu de légèreté à tout cela, jouant une nouvelle fois le rôle d'une sorte de Dieu malicieux, et dont l'arrivée est une véritable aubaine, puisqu'il tourne tous les handicaps en dérision, permettant pendant un moment de s'extirper de cette mièvrerie, jusqu'à ce que les scénaristes aient l'idée gonflante de provoquer un typhus afin d'une nouvelle fois nous faire craindre le pire, comme s'ils redoutaient que tout ce qu'il nous avait été servi pendant plus d'une heure ne nous avait pas déjà fait larmoyé... ou agacé.
Bref, L'incroyable histoire de Winter le dauphin est une fable appréciable mais tout autant handicapée que l'animal, et aurait gagné à être amputée de certains de ses passages, les 110 minutes étant beaucoup trop conséquentes pour le public auquel il s'adresse, et qui plus est cela lui aurait permis de se libérer d'un surpoids de mélodramatique inutile, voire insupportable.
Vient même s'ajouter à cela un générique d'introduction en CGI totalement idiot avec des dauphins qui font des bulles circulaires puis passent à l'intérieur, et nul doute qu'il a été placé là pour justifier le terme « 3D » sur l'affiche, alors que ce format se montre totalement inutile pendant le reste de la pellicule.
Pour ce qui est du casting Harry Connick Jr est aussi expressif que dans Independence Day, Ashley Judd se contente de pleurnicher (ou sourire bêtement) à chaque fois que le metteur en scène le lui demande (autrement dit à presque toutes ses apparitions), Kris Kristofferson joue les grands-pères bourrus mais fait pâle figure à côté des précédents personnages qu'il a interprété, et finalement il n'y aura que le couple de gamins s'occupant de la bête qui s'en sortira le mieux.
Pour conclure, il est évident que les plus jeunes y trouveront leur compte, et pour une fois qu'il n'est pas sujet d'écureuils attardés et de blagues de prout il serait dommage de les priver d'une production sortant pour une fois du lot. Le public d'anciens aura quant à lui plus de mal à adhérer au concept, trop de facilités dans la mise en scène, des acteurs adultes livrant des interprétations à la hauteur de ce que ce genre de cinéma requiert, en somme pas de quoi les réconcilier avec le genre, mais c'est toujours mieux que se taper Alvin pendant une heure et demie.
Mention spéciale pour Morgan Freeman, étant le seul du casting à être vraiment à ce qu'il fait, sauvant par sa loufoquerie Winter qui aurait pu finir noyé parmi le reste de productions à caractère gnian-gnian.