... — That's enough to drive you to drink."
Un film de Hal Hartley est reconnaissable entre mille. Alors que je n'en ai vu que deux en 10 ans, il y a peut-être imposture dans ce qui vient d'être écrit, m'enfin passons. The Unbelievable Truth est en tous cas extrêmement similaire à Trust Me, le film suivant dans sa filmographie, le plus connu et celui qui le fit connaître à l'international : ce ton décalé permanent, cet humour léger et légèrement noir qui définit toutes les relations entre les personnages, et surtout cette romance compliquée entre deux êtres aux existences cabossées qui sera malmenée par tout l'entourage. Robert John Burke, avec son visage impénétrable, ses yeux bleus perçants, son allure de prêtre ("Are you a priest?" lui demandera-t-on sans cesse, comme un running gag), est peut-être encore meilleur dans ce rôle que ce que produira Martin Donovan dans Trust Me. Adrienne Shelly est en revanche fidèle à elle-même, une jeune femme qui découvre l'indépendance mais également les contraintes, les compromis, et tout ce que le monde adulte peut comporter comme sources de coercition.
Un film résolument lent, contemplatif diront certains, en tous cas un film qui prend beaucoup de temps pour poser les situations, avec des personnages assez fortement archétypaux sans pour autant que cela ne vienne constituer un tableau stéréotypé : l'archétype nourrit ici une forme de comique décalé souvent savoureux. Ce n'est plus trop mon truc, mais j'aurais adoré cela il y a 10 ans. The Unbelievable Truth tient presque quelque chose du road movie, dans sa mise en scène de l'errance, dans sa composition d'un couple en fuite (dans l'idée, la fuite du carcan familial, de la ville natale, de sa condition, de l'étiquette collée, etc.). Certaines facilités d'écriture peuvent lasser, comme la révélation (bien évidemment) sur le passé du protagoniste faussement qualifié de mass murderer, avec tous ces personnages barjots, parents, petit ami, ami, ainsi qu'un mécanicien guitariste et un photographe dragueur. Au final, tous voient chez les autres ce qu'ils ont envie de voir.
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