"The last time I took a drink, I got into a car crash and I killed a girl...

... — That's enough to drive you to drink."


Un film de Hal Hartley est reconnaissable entre mille. Alors que je n'en ai vu que deux en 10 ans, il y a peut-être imposture dans ce qui vient d'être écrit, m'enfin passons. The Unbelievable Truth est en tous cas extrêmement similaire à Trust Me, le film suivant dans sa filmographie, le plus connu et celui qui le fit connaître à l'international : ce ton décalé permanent, cet humour léger et légèrement noir qui définit toutes les relations entre les personnages, et surtout cette romance compliquée entre deux êtres aux existences cabossées qui sera malmenée par tout l'entourage. Robert John Burke, avec son visage impénétrable, ses yeux bleus perçants, son allure de prêtre ("Are you a priest?" lui demandera-t-on sans cesse, comme un running gag), est peut-être encore meilleur dans ce rôle que ce que produira Martin Donovan dans Trust Me. Adrienne Shelly est en revanche fidèle à elle-même, une jeune femme qui découvre l'indépendance mais également les contraintes, les compromis, et tout ce que le monde adulte peut comporter comme sources de coercition.


Un film résolument lent, contemplatif diront certains, en tous cas un film qui prend beaucoup de temps pour poser les situations, avec des personnages assez fortement archétypaux sans pour autant que cela ne vienne constituer un tableau stéréotypé : l'archétype nourrit ici une forme de comique décalé souvent savoureux. Ce n'est plus trop mon truc, mais j'aurais adoré cela il y a 10 ans. The Unbelievable Truth tient presque quelque chose du road movie, dans sa mise en scène de l'errance, dans sa composition d'un couple en fuite (dans l'idée, la fuite du carcan familial, de la ville natale, de sa condition, de l'étiquette collée, etc.). Certaines facilités d'écriture peuvent lasser, comme la révélation (bien évidemment) sur le passé du protagoniste faussement qualifié de mass murderer, avec tous ces personnages barjots, parents, petit ami, ami, ainsi qu'un mécanicien guitariste et un photographe dragueur. Au final, tous voient chez les autres ce qu'ils ont envie de voir.


http://je-mattarde.com/index.php?post/L-Incroyable-Verite-de-Hal-Hartley-1989

Créée

le 12 mai 2021

Critique lue 143 fois

2 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 143 fois

2

D'autres avis sur L'Incroyable Vérité

L'Incroyable Vérité
Morrinson
6

"The last time I took a drink, I got into a car crash and I killed a girl...

... — That's enough to drive you to drink." Un film de Hal Hartley est reconnaissable entre mille. Alors que je n'en ai vu que deux en 10 ans, il y a peut-être imposture dans ce qui vient d'être...

le 12 mai 2021

2 j'aime

L'Incroyable Vérité
XipeTotec
8

Critique de L'Incroyable Vérité par XipeTotec

Ce téléfilm est juste... d'une incroyable fraîcheur. On a envie d'aimer tous les personnages, toutes les situations, tous les dialogues, même si je déplore l'inutilité du twist final, qui lisse son...

le 4 juil. 2022

2 j'aime

L'Incroyable Vérité
EricDebarnot
7

Le premier HH

Ce premier Hal Hartley, sorti après les autres en France, s'est révélé moins brillant formellenet mais déjà assez formidable. On peut tiquer sur les postes arty et / ou godardiennes (moi, j'ai plutôt...

le 8 févr. 2015

2 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

144 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

140 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11