"Le vrai monde réel" parallèle des écoles de commerce

Un monde parallèle où l'année d'enseignement à 10 000€ ne suffit pas, il faut en plus payer pour des prépas privées au concours de recrutement des écoles de commerce (faussement publiques).
Un monde parallèle où gagner 2000€ par mois est un gagne-misère.
Un monde parallèle où papa est chef d’entreprise, ingénieur ou cadre commercial.
Un monde parallèle où les noms à particule sont monnaie courante.


Un monde parallèle où un OSS 117 casselisé excité et agressif incarne le camp des winners « qui en veulent », les losers étant relégués au pas de la porte.
Un monde parallèle où il apprend à ses brebis que le vrai monde il attend pas, il bouge, et que c'est aux premiers de la classe de savoir saisir leur "chance".
Un monde parallèle où il leur demande de se raser le pelage si leurs parents ne les ont pas déjà formaté dans cette idée.
Un monde parallèle où il est mal vu de "casser les codes", et où le costard cravate-zizi est un prérequis.
Un monde parallèle où les faux sourires forcés de faux-culs sont obligatoires.
Un monde parallèle où les courtisans abondent de grands sourires au Prince du stand-up.
Un monde parallèle où le faux devient le vrai, et la comédie le "naturel".
Un monde parallèle où tout est calculé et le spontané totalement évacué.
Un monde parallèle où "s'amuser" veut dire maximiser son employabilité en changeant de personnalité.
Un monde parallèle où les timides et les réservés sont expressément invités à changer s’ils ne veulent pas se faire bouffer.
Un monde parallèle où les petites gueules prennent conseil sur les bons acteurs à grande et belle gueule.
Un monde parallèle où il faut incarner le « bon produit » que l’école-entreprise souhaiterait acheter.
Un monde parallèle où le concours est un sport, la compétition un art de vivre.
Un monde parallèle où il faut absolument paraître énergique et dynamique sous peine d’« endormir ».


Un monde parallèle où il faut sembler animé d’un projet professionnel, même sans conviction.
Un monde parallèle où avoir la culture entrepreneuriale et l’envie d’en faire partie est la norme.

Un monde parallèle où le voyage aux 4 coins du monde est un acquis inné et un universel.
Un monde parallèle à l'américaine où on apprend à faire de l'argent.
Un monde parallèle où les anglicismes sont courants, la littérature superflue.
Un monde parallèle où le sport est un faire-valoir indispensable.
Un monde parallèle où il est perçu comme métaphore de l'entreprise, a fortiori de la vie.


Un monde parallèle où par hypocrisie il ne faut pas ouvertement désigner les ouvriers comme le bas de l'échelle.
Un monde parallèle où par contre on ne se prive pas pour virer Robert et Josiane tant qu’il y a du blé à la clé.
Un monde parallèle où cela permet un salaire mensuel à 5 chiffres.
Un monde parallèle où on en rigole entre initiés pour dédramatiser.


Un monde parallèle avec peu d’élus, dont la classe sociale est souvent semblable à celle de nos élus.
Un monde parallèle où la France et les français (moyens) sont étrangers, distants car hermétiques à « l’ambition » et au discours de réussite.
Un monde parallèle pas si loin du nôtre où les écoles de commerce seraient Monaco, et l'enseignement supérieur la France.

Adrast
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le 18 août 2020

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