L'Insoumise
7.2
L'Insoumise

Film de William Wyler (1938)

J'ai passé la première moitié du film complètement extatique à partir de la première apparition de Bette Davis. Puis la deuxième partie m'a laissé un peu perplexe : le pathos était un peu trop fort pour moi. L'histoire aurait gagné à ne pas tourner uniquement autour de la personne de Julie, cette enfant gâtée qui sème le malheur autour d'elle et finit par trouver une forme de rédemption en allant soigner les victimes de la fièvre jaune sur une île où on les confine.

Au niveau formel, je rejoins ce que disait Olivier-René Veillon à propos du style de Wyler. D'un point de vue technique, Wyler est l'essence du savoir-faire hollywoodien, en matière d'éclairages, de dramatisation, et aussi de mise en valeur des stars. Ici, l'éclairage met clairement en valeur Bette Davis par rapport aux autres acteurs. Et comment résister à ces lèvres parfaites, à ce cou de reine, à ce regard merveilleusement expressif ? On touche ici au dada des réalisateurs hollywoodiens des années 1930 : créer une actrice-déesse autour de laquelle tout tourne (je pense à Von Sternberg en particulier).

Mais comme le souligne Veillon, derrière ces plans magnifiquement minutés, ces éclairages parfaitement étudiés et découpés, il y a une place pour laisser les acteurs développer leur talent. Et il faut bien reconnaître le talent de Bette Davis. Beaucoup de plans sont frappants, comme celui où elle renonce à la robe blanche pour la robe rouge : on voit son corps de poupée enserré dans les baleines d'essayage. Ou encore ce plan en plongée où elle s'agenouille humblement aux pieds de Fonda, sa robe dessinant une corolle qui meurt mollement sur le plancher. Et bien sûr la séquence mémorable du bal où elle réalise progressivement l'erreur qu'elle a commise en venant en robe rouge.

Malgré cela, le film souffre que le mélo tourne uniquement autour de la personnalité égoïste (jusque dans son dévouement) de Julie. Quel dommage, car le Sud a rarement été aussi photogénique qu'ici (et Dieu sait qu'il faut s'aligner avec Ford, Welles et Griffith). Les scènes finales avec ces défilés de charrettes portant des cadavres, avec des bonnes soeurs et des prêtres sont tout à fait réussies dans leur aspect sinistre (marrant comme l'insistance sur les roues suggère déjà le goût ultérieur de Wyler pour les courses de char ^^). Je songe aussi à ces magnifiques salles de réception, frontons néopalladiens, jardins alternant ombre et lumière, que Wyler a si bien su filmer.

Vraiment, c'est dommage que l'histoire ne soit pas plus intéressante, car la forme est excellente.
zardoz6704
7
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le 10 mai 2013

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zardoz6704

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