Tiré d'un roman éponyme de Milan Kundera (qui ne s'est pas exprimé sur l'adaptation), le film raconte une histoire d'amour passionnelle sur fond de Printemps de Prague. Nous avons un médecin, incarné par Daniel Day-Lewis, qui est un insatiable coureur de jupons, y compris avec son équipe d'infirmières, et qui, lors d'une visite dans un Spa, va tomber amoureux d'une jeune femme, jouée par Juliette Binoche.
Mais son amour ne va l'empêcher d'aller voir ailleurs, en particulier sa maitresse, qui n'est autre que Lena Olin.
D'emblée, je me demande si L'Insoutenable Légèreté de l'être n'est pas un des plus beaux films érotiques qui soient, tant les corps, masculins et féminins, y sont sublimés, mais sans aucune vulgarité, ce qui tranche sensiblement avec cette période politique, 1968, où tout le monde était surveillé, mais c'était leur liberté qui primait. Sous la caméra de Philip Kaufman, je dois dire que Juliette Binoche et Leno Olin y sont magnifiques, ainsi que l'incandescence de Daniel Day-Lewis dont je comprends sans mal que les femmes ne lui résistent pas. Plus que l'érotisme, c'est de la passion qui est sur l'écran, comme quelque chose d'immoral, mais peu importe, et c'est ce que je trouve très beau dans cette histoire triangulaire, qui va prendre un tournant plus tragique.
C'est également très bien réalisé, avec tout ce travail sur la photo qui rend l'image presque désaturé, correspondant sans doute à Prague à ce moment-là. Mais la surprise est de voir que le film a été tourné (quasi)intégralement en France, et même si on n'est censé ne pas le savoir, l'illusion est parfaite.
Je n'ai pas lu le roman d'origine, mais je suis par exemple étonné de ne pas voir grand chose sur la situation politique de l'époque outre le fait que les gens soient cloitrés chez eux. De plus, la relation triangulaire entre Day-Lewis, Binoche et Olin va être perturbée par l'arrivée d'un nouvel amant, et futur mari de cette dernière, joué par Derek de Lint, et qu'on ne voit que trop peu, comme pour extirper cette femme de la relation adultère qu'elle avait. Mais je pense que le choix de Kaufman et Jean-Claude Carrière a été de se centrer sur la folle histoire d'amour entre Daniel Day-Lewis et Juliette Binoche, qui aura des hauts très hauts et des bas très bas, mais qui resteront fusionnels jusqu'au bout.
La durée, près de 3 heures, est sans doute excessive pour tout cela, mais le film n'a pas usurpé sa réputation : que c'était beau ! Il suffit d'entendre la dernière réplique, Oui, je suis heureux pour en ressortir très ému.