Sorti l’année dernière, L’Internat est réalisé par Boaz Yakin. Ce monsieur ne vous dit rien ? C’est normal. Cinéaste à la carrière hétéroclite, il n'y a rien de notable à mettre à son actif. Passé inaperçu dans nos contrées, son film n'avait, sur le papier, pas grand-chose pour lui.
Circulez, il n'y a rien à voir ? Eh bien non, ce serait une grosse erreur. Parce que L'Internat envoie au tapis 90 % de la production horrifique de ces 10 dernières années. Sans forcer.
Alors bien sûr, le long-métrage de Boaz Yakin possède pas mal de défauts (ce qui explique la note finale), mais également des qualités indéniables et plutôt rares. D'abord, et avant tout, les acteurs. Parmi ceux qui jouent les adultes, certains ne sont pas d'illustres inconnus et ont déjà tourné dans plusieurs films. Mais ce ne sont pas eux qui m'intéressent ici. Une fois n'est pas coutume, il faut surtout regarder vers les jeunes acteurs du film : tous s'en sortent vraiment bien.
Et parmi eux, deux jeunes révélations : Luke Prael et Sterling Jerins.
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu deux acteurs de cet âge interpréter aussi superbement leurs personnages. Pour tout vous dire, je crois que je devrai remonter à Harry Potter pour voir quelque chose de semblable.
On peut dire que le premier débute dans le métier. L'Internat est le deuxième film de Luke Prael, mais le premier où il a le rôle principal. Et quel rôle ! Il faut dire que le film repose en bonne partie sur ses épaules, et il assume cela avec un flegme rare. Le garçon est capable de jouer un peu près n'importe quoi, jusqu'à se travestir en grand-mère sans que cela pose problème. Il est totalement à l'aise dans chaque scène du film, et il est si fort qu'on se surprend à prendre fait et cause pour lui dans chacun de ses actes (même dans la dernière partie, où c'est pourtant assez discutable).
L'autre grande révélation, c'est Sterling Jerins. Elle a déjà une carrière plus étoffée que Luke Prael, ayant joué dans plusieurs films et une série (généralement des rôles vraiment secondaires). Bien qu'elle ne soit pas ici le personnage principal, elle a une présence suffisamment notable dans L'Internat pour en faire, au minimum, le deuxième personnage le plus important du film. Sterling Jerins crève littéralement l'écran en incarnant une sorte de sociopathe : son jeu d'actrice est incroyable, elle est capable de faire ce qu'elle veut sans aucune faute.
Ce qui fait le sel du film, ce sont toutes les interactions entre ces acteurs, en train de jouer deux désaxés (Jacob et Christine) : ils vous scotcheront complètement !
Le souci, c'est que Boaz Yakin semble tellement fasciné par ces deux super(be)s acteurs qu'il en oublie un peu le reste.
Le scénario est un point fort du film pendant un bon moment.
L'idée que les deux responsables de l'internat soient en réalité chargés de faire disparaître les enfants pour le compte de leurs propres parents est vraiment géniale !
Toute l'histoire entre Jacob et sa grand-mère est aussi très intéressante.
Malheureusement, la dernière partie tombe dans le grotesque, avec une avalanche de cadavres. Bref, à ce moment, le film ne se prend plus trop au sérieux, et c'est dommage. Globalement, les parents ou le couple Sherman sont assez négligés. Au niveau des jeunes, je n'ai pas compris ce que font là les jumeaux.
Contrairement aux autres, ils n'ont rien d'anormal... si ce n'est qu'ils n'ont pas la même couleur de peau que leurs parents ! Mais rien n'est expliqué à ce sujet, et à la fin, le père et la mère semblent très contents de les retrouver. Avec aussi peu d'informations, je ne vois pas quel contrat aurait pu être passé avec le docteur Sherman.
On pourra également regretter la disparition d'un personnage.
Le fait que Jacob enferme Christine dans la chambre peut se défendre. Mais, vu ce qui s'est passé avant, et vu le talent de l'actrice, c'est difficilement pardonnable. Je vois surtout cela comme une facilité scénaristique parce que, contrairement aux autres, Christine n'avait personne de sa famille qui voulait la voir survivre.
On pourra toujours se consoler en imaginant qu'elle ait survécu à l'incendie...
Si la dernière partie recèle pas mal de défauts qui entachent la qualité du film, Boaz Yakin nous livre tous ses talents de metteur en scène. De ce point de vue, son long-métrage lorgne du côté du giallo, avec des plans toujours très colorés et très stylisés : il y a généralement une couleur qui domine fortement (bleu, jaune, rouge).
L'Internat n'est pas un film qui fait peur, ce n'est pas sa vocation. Le côté fantastique est vraiment léger (la grand-mère), et on pourrait même dire qu'il n'y a rien de surnaturel là-dedans.
Mais c'est un film qui sort vraiment de l'ordinaire, et si vous n'aimez pas les films d'horreur, je pense qu'il mérite quand même le détour rien que pour ses deux stars : Luke Prael et Sterling Jerins. Croyez-moi, ces deux-là, on va les retrouver !