Cela avait pourtant bien commencé...

Ce film s'est avéré au final très décevant à mes yeux de spécialiste de l'histoire militaire.

Si vous ne connaissez pas du tout les faits historiques et n'êtes pas intéressés par la fidélité à la vérité factuelle, vous pourrez sans doute mieux l'apprécier et le prendre comme un film d'action assez divertissant, malgré des personnages caricaturaux.

Mais si comme moi, vous le voyez comme un documentaire historique sur la prise d'otages de Loyada en 1976, vous risquez fort d'être déçus !

La première moitié du film se présentait plutôt bien.

Les acteurs principaux sont bien choisis, notamment Alban Lenoir qui incarne de façon convaincante Christian Prouteau, à l'exception de Vincent Perez qui sur-joue à mort son personnage de général à la John Wayne.

Les décors, les véhicules, les accessoires, l'environnement et l'ambiance des années 1970 sont plutôt bien rendus. Les armes utilisées par les différents protagonistes sont des répliques fidèles.

Quelques différences avec la vérité historique apparaissent vite... Au lieu des 31 enfants présents dans le bus, on en voit à l'écran qu'une douzaine. Le chauffeur du bus était un jeune soldat conscrit français (et non un quadra civil djiboutien) et n'a jamais quitté le bus, à l'inverse de ce qui est montré.

Tout petit détail, les bérets verts portés par les légionnaires dans le film ne sont pas de la bonne couleur et sont portés n'importe comment, comme des bérets basques. A croire qu'il n'y avait aucun conseiller militaire sur le film !

A partir de l'arrivée sur place des gendarmes du GIGN, le film part dans un délire romanesque qui s'éloigne totalement de la réalité.

Dans le film, un petit groupe de 5 gendarmes en civil, épaulé par un "observateur" américain de la CIA (totalement fictif), a tout fait à lui tout seul, mettant en déroute tous les preneurs d'otage et plusieurs dizaines de soldats somaliens.

Dans la réalité, les membres du groupe d'intervention étaient au nombre de 9, et surtout épaulés par d'autres tireurs d'élite de la Légion, avec l'appui d'une compagnie entière du 2e REP (soit une centaine d'hommes), ce qui fait quand même une grosse différence.

Le combat final se veut une grande scène d'action à l'américaine qui tourne à la boucherie.

Je n'ai pas compté, mais on voit plusieurs dizaines de soldats somaliens se faire descendre dans de multiples headshots par 5 héros (trop badass, mais au grand coeur quand même).

Le bilan réel est estimé entre 15 et 22 soldats tués.

Plus grave encore à mes yeux, le film explique qu'il n'y a eu qu'un seul tué parmi les enfants otages, alors qu'il y a bien eu deux victimes ! C'est juste insultant pour la mémoire et la famille de la petite Valérie Geissbuhler, décédée des suites de ses blessures. Sans oublier plusieurs blessés graves parmi les autres enfants, dont un se suicidera plus tard.

Détail qui m'agace : comme bien souvent dans les films d'action irréalistes, il suffit visiblement de placer le réticule d'une lunette de visée sur la tête d'un ennemi en train de courir en trajectoire perpendiculaire à plusieurs centaines de mètres pour l'abattre du premier coup...

Ben oui, chacun sait bien que les balles se déplacent à la vitesse de la lumière...

Bref, je suis sorti de ce film passablement déçu, voire agacé.

La dernière demi-heure relève clairement du grand n'importe quoi.