"Ils ont fait un Las Vegas Parano à Pyongyang?"
Le propos aurait pu être tellement intéressant! Enfin un film qui ose montrer explicitement les magouilles médiatiques dont La Corée du Nord use pour sa propagande.
J'ai eu le regret de constater qu'en réalité, il n'en est rien...
Je me méfie toujours des films qui s'appuient sur un buzz médiatique pour faire leur promo, et malgré les critiques très sévères que j'ai pu lire avant de le voir, j'ai tenté d'aborder The Interview avec un maximum d'objectivité.
Soyons clairs, faire une bonne comédie n'est une chose facile, surtout quand y mêle des affaires politiques si graves. Mais ce n'est pour autant pas impossible, The Dictator de Chaplin en est l'exemple le plus évident.
The Interview emploie un humour d'un mauvais goût innommable. On retrouve le fameux procédé du slap-stick, mais les gags mis en scène ne vous feront rire que si vous êtes vraiment bon public.
Le film peine à démarrer. On passe beaucoup trop de temps à caractériser des personnages qui n'en ont pas besoin. On nous présente ainsi un producteur TV américain et son ami, un animateur ultra-médiatique et avide de spectacle.
À travers ces deux hommes, on détecte une légère critique des média : "On donne au gens ce qu'ils veulent, si ils veulent de la merde, on leur donne de la merde!" s'exclame James Franco (Dave Skylark). Cette dénonciation, qui aurait pu donner un réel propos au film, ne sera que très peu étayée par la suite.
À défaut, on se concentre sur l'interview à venir de Kim Jong Un. Le "leader suprême" devient alors notre centre d’intérêt principal.
Après une séquence sous acide à la Las Vegas Parano, dont on aurait pu aisément se passer, la CIA se mêle à l'histoire. On assiste alors à un festival de clichés tirés des codes du film d'espionnage maladroitement ré-investis, ce qui retire toute crédibilité au film.
On garde tout de même une certaine attente quant à l'apparition du dictateur Nord-Coréen. Il est présenté comme un manipulateur de génie, un homme d'une grande intelligence et on lui prête un charisme hors du commun. Cette présentation, péniblement dressée par une agent de la CIA, est sans cesse entravée par les mauvaises blagues de Skylark qui m'ont réellement pesé du début à la fin du film.
Kim Jong Un apparaît beaucoup trop tôt!! La seule chose qui pouvait encore nous tenir en haleine s'envole au bout d'à peine 30min. Et le dictateur perd tout charisme à la seconde où Randall Park entre dans le cadre.
[SPOILER]
Dès lors tout le scénario devient prévisible : la fausse amitié entre Kim Jong et Skylark, la romance entre Rapaport et Sook etc... Tout ce qui est supposé être un tournant décisif pour le film est la suite logique de la trame narrative sans relief qui conduit The Interview.
La fin n'est pas non plus très glorieuse, après une séquence où je soupçonne Goldberg et Rogen de s'être dit "Hey! Expendables en Corée du Nord ça donne quoi?" on assiste à la mort (oh surprise!) du leader nord coréen.
En somme, The Interview ne montre, que très peu, le rapport entre le pouvoir et le peuple nord-coréen. La question de la propagande est certes abordées, mais le manque de crédibilité des acteurs gâche le message.
Même en se disant que l'on regarde ce film pour se divertir, il est difficile d'être surpris par les "rebondissements" de l'intrigue.
Bref, vraiment beaucoup de bruit pour pas grand chose à l'arrivée...