Ok, je pense qu'on a compris, maintenant. Ouais, James Franco et Seth Rogen, c'est trop des copains de la vie. Ils sont trop copains. C'est bien simple, ils peuvent rien faire sans l'autre. Mais comme ils sont super drôles, tout va bien. Comme tous les grands couples de bros, ils ont de sacrés délires, ha ha, qu'est-ce qu'ils rigolent bien ensemble. Seulement, comparé à tous leurs potes, eux, ils en font des films. Comme "Pineapple Express", cette incroyable daube où Seth Rogen jouait un mec loser mais fûté et James Franco un couillon bien intentionné. Ben comme la plupart du temps, les délires du duo tournent à peu près sur la même ligne, ils ont décidé d'appliquer la formule à autre chose... ho tiens, la Corée du Nord ! En voilà une idée qu'elle est dans l'air du temps !
Au coeur du schmilblick, y a d'abord ces courageux Guardians of Peace, hackers libérateurs, qui ont tenté d'expliquer à Hollywood qu'il était peut-être aussi envisageable qu'ils gardent de temps en temps leurs films à la qualité discutable pour la VOD plutôt que de tenter de plumer des consommateurs. Une démarche louable et couronnée de succès, qui débarrassa les salles sombres du dernier long-métrage de Frangen. Ou Roco. Enfin bref, ça avait pas mal buzzer et du coup, ça a quand même rentré de la thune. Et j'avoue, j'ai été moi-même victime du buzz. J'étais parti pour regarder Wayne's World et un ami m'a dit "mais t'as pas envie de savoir ce qu'il vaut ?". Seulement, je m'en doutais un peu, de ce qu'il valait, j'ai essayé de résister, mais étant l'hôte, j'ai fini - de mauvaise grâce - par me plier à la volonté du maître des lieux. Nous avons donc lancé le film. En sachant ce que nous regardions. La mort dans l'âme, donc.
Parce qu'au final, la recette est la même qu'avant : James Franco incarne un parfait con mais plein de bonnes intentions et Rogen est de retour dans son rôle de névrosé sympa. Je vais pas faire l'affront de résumer à nouveau l'histoire, on en a soupé un peu partout. Nan. Par contre, l'humour, on a régulièrement expliqué combien c'était pipi-caca, ben on a pas trop lésiné sur la sauce, alors (ha ha, bordel, je m'épate, j'ai dit "sauce", vous voyez ? Genre comme le sperme ! La sauce ! Putain c'est si drôle !). Donc voilà. L'humour de ce film, c'est un peu ça. Prenons par exemple cette scène où James Franco gueule qu'il pue de la queue. C'était vraiment comique, ça. Ou quand Seth Rogen doit s'enfoncer un objet de forme oblong dans les fesses. C'était très drôle. Et je ne suis pas du tout en train de sourire de façon forcé. Nooooon, quand l’intelligentsia de l'humour vous montre un monsieur avec un léger embonpoint qui s'enfonce un truc dans les fesses, sérieusement, je suis plié...
Bon, en fait, il va vraiment falloir que je me fasse une raison : je n'arrive pas avec Seth Rogen. De sympathique, il a rapidement glissé vers la case "lourdingue". A force d'un humour plus que douteux auquel je n'adhère pas. Mais surtout parce qu'apparemment, il ne se destine qu'à faire ce genre de chose. Ad nauseam. Et pour monsieur Franco, c'est la même chose. Je l'aimais bien, moi, dans Spider-Man. Mais là, il participe un peu trop aux trips de son pote et il a un jeu d'acteurs horrible - mais bon, on va encore dire que c'est de l'auto-dérision et ça ira mieux ! Au final, c'est à peine moins indigeste que Pineapple Express, que j'avais vu uniquement parce qu'il en était question dans "This is the end", où l'on tentait de lui donner une suite. Le souci, c'est que cette scène de "This is the End" est très symptomatique des productions de ce petit groupe d'humoristes : cela tient inlassablement à des longues privates jokes que l'on regarde de l'extérieur. Vous savez, comme quand vous accompagnez quelqu'un qui va voir ses potes et que vous observez alors pendant toute la soirée un groupe bien soudé, qui s'amuse et évoque leurs souvenirs, se lancent dans de longues blagues et parfois, vous rigolez un peu avec eux mais en fait, ben vous voyez bien que vous ne faites pas vraiment partie du groupe. Ben voilà.
En fait, j'aimerai dire à Seth et James (si je peux les appeler ainsi) : ok, les gars, moi aussi, j'ai des bons potes et on se lance dans des pures délires et wow, qu'est-ce qu'on se marre entre nous... Mais on en fait pas des films. Parce que ça serait naze, une blague de cinq minutes étirée sur une heure et demi et en prime, exposée au monde comme si c'était le comble du bon goût. Non, les blagues entre potes, c'est drôle quand ça reste des blagues entre potes. Sinon, c'est juste relou. A bons entendeurs.