Quel est donc ce titre français, "L'Intrus magnifique", comme une très mauvaise blague en référence à un film de Douglas Sirk, alors que le titre original "What's So Bad About Feeling Good?" était suffisamment explicite et équilibré... Les traductions hasardeuses ne datent malheureusement pas d'hier, et sans doute que la faible notoriété de ce film n'a pas aidé les distributeurs à se casser la tête.
Un scénario complètement barré nous embarque à New York en pleine période hippie (bizarrement, on se croirait davantage dans l'Amérique beat des années 50, m'enfin bon), dans une comédie satirique avec un soupçon de science-fiction (un toucan ramené par un bateau grec sur lequel il s'était mystérieusement posé diffuse un virus euphorique très particulier) et quelques égarements de comédie musicales (pas très aguicheurs). On croirait une telle histoire potache sortie d'une soirée trop arrosée, sur le thème "les Russes veulent larguer du LSD sur les États-Unis", mais le film se tiendra à ce précepte du début à la fin, avec quelques édulcorations sentimentales.
C'est l'autre côté de la pièce formée avec des films comme "Contagion" de Soderbergh : un virus qui chasse toute mauvaise pensée de la tête de ces hippies acerbes et aigris, initiant une sorte d'utopie urbaine éloignant toutes les mauvaises ondes de cet environnement. Le film n'a en définitive pas grand-chose à dire, à peine "have a nice day" en résumé, et certains passages du côté de la parodie ou du vaudeville sont vraiment ratés, maladroits, presque gênants. Les interludes musicaux sont inutiles et la satire politique avec l'homme missionné par le président contient une dose de caricature presque létale — complot communiste, il faut tous les enfermer, etc. Le film vaut en revanche manifestement le détour pour prendre du recul, si besoin était, avec la situation pandémique actuelle : on y évoque l'obsession du comptage des contaminations en temps réel et la distribution de masques à grande échelle. Sauf que dans le cas de la fiction, la vaccination est beaucoup plus simple : elle se fait directement par l'émission de gaz et autres pollutions, antidotes "naturels".