Il est super, il est invincible, c'est l'invincible super Chan !

Vous vous rappelez que dans Cinéma Paradiso, le prêtre du village faisait couper toutes les scènes de baisers qu'il jugeait trop tendancieuses ? Et bien, il existe dans d'autres pays des individus qui suppriment toutes les scènes de dialogues des films de kung-fu.


L'invincible Super chan fait partie de cette catégorie de films incompréhensibles où la narration est tellement bordélique qu'on se demande s'il faut blâmer le scénariste, le réalisateur, le monteur, le distributeur ou le doubleur.
Mais en fait pourquoi devraient-ont les blâmer ? On a très rapidement envie de les étreinte avec allégresse tant ce super chan devient un plaisir non-sensique et surréaliste. Si on enlève les 10-15 premières minutes (et encore), tout la première partie est une succession de combats sans la moindre logique et surtout sans le moindre temps mort pour un expérience proche du théâtre absurde et avant-gardiste pour une durée de quasiment 30 minutes ininterrompue ! La seconde moitié est un peu plus bavarde avec une tentative de développer l'histoire avec un héros qui cherche à fuir les armes mais qui devra ressortir son sabre quand on assassine sa jeune fille.


Si ce n'est quelques dialogues invraisemblables ("Avant de mourir, je veux que vous me juriez de ne pas chercher à me venger... Arghhhh" ; "Maître, je n'aurais de répit que lorsque je vous aurais vengé"), il faut bien dire qu'on se moque de ce scénario insaisissable où les personnage portent en plus presque tous les mêmes noms. On est là pour les bastons et la tatane !
Alors évidement, on se trouve devant une obscure production taïwanaise sans véritablement nom connu au générique, il ne faut donc pas s'attendre à des échanges virtuoses. Par contre l'équipe compose avec une générosité déjantée pour offrir quelques éléments que je ne crois jamais avoir vu ailleurs !

Par exemple, le héros se fait cerner à un moment par un trio constitué notamment d'un nain et d'un mec armé d'un boulier (assez peu inquiétant)
L'un des grans méchants est équipé d'une sorte d'étendard/fanion qui lui permet de parer des coups d'épée (!), de surfer sur l'eau (!?) ou de lancer des bombes (!?!).
Quant au boss de fin, il utilise une ceinture/épée qui a la particularité d'être en fait une sorte de long ressort (ressemblant ainsi avant tout à un sex toy).
Cerise sur le cadeau, même le sound design sort du lot avec quelques bruitages inédits (comme la corde munie d'une griffe qui essaye de démanteler l'armure du héros).
Et surtout, il ne faut pas oublier que le film s'appelle l'invincible Super Chan, et que comme Clark Kent, Chan sait s'envoler avec facilité et aisance. Au point de battre sur son propre terrain les kamikazes du karaté dans la projection des adversaires et des envols. Ici Super Chan bondit au-dessus des falaises, se téléporte sans difficulté d'une carrière à un sous-bois sans oublier de malmener quantité de mannequins en mousse pour notre plus grand plaisir. Il parvient même en trancher complétement de haut en bas un adversaire avant les Baby Cart & cie (par contre, on se coltine un incontournable sabreur manchot).


Et c'est bien pour cette raison que le film devrait être diffusé dans les écoles de cinéma : pour son montage. On tient l'un des maîtres étalons du genre, celui qui dépasse la cohérence, la progression, le raccord et la continuité, renvoyant le découpage traditionnel à des préoccupations préhistoriques totalement obsolètes. Plusieurs séquences m'ont procuré de délicieux fous-rires tel ce sbire qui s'évertue à prendre appuie sur un rocher pour bondir sur le héros mais qui se rétame à chaque fois dans la poussière (et qui finira vaincu par un cailloux dans le gosier ). Que dire aussi de ce montage parallèle hilarant où la copine du héros semble traverser la Chine entière pour lui apporter son épée alors qu'il se trouve en fâcheuse posture (et que la donzelle fonce dans tous les cailloux, rondins et autres aspérités de voiries).


J'avoue que j'avais un peu peur à l'annonce du film puisqu'il est signé par le responsable du navrant (mais parfois très drôle) Phenix, la fleur de Shaolin mais cet invincible Super Chan est une bouffée d'oxygène fort revigorante et exaltante.

anthonyplu
7
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le 19 nov. 2016

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