L'Invité
4.3
L'Invité

Film de Laurent Bouhnik (2007)

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L'Invité par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Colette et Gérard forment un couple de ce que l'on peu qualifier de français plus que moyens. Gérard est depuis trois ans au chômage et ne parvient pas à trouver le moindre emploi, quant à Colette, elle passe son temps le nez dans ses mots fléchés et n'arrive pas à faire grand chose de ses dix doigts Un jour un évènement se produit: Gérard est enfin pressenti pour un travail. Toutefois Montignac, l'employeur, désire en savoir plus sur son éventuel collaborateur et obtient de Gérard une invitation à dîner à la maison pour le lendemain. Malheureusement en rentrant de son entretien, son épouse lui annonce qu'une énorme fuite d'eau vient de se produire à l'étage supérieur envahissant la salle à manger. Il se retrouve également nez à nez avec Alexandre, le locataire du dessous, venu réparer la tuyauterie. Celui-ci se déclarant "expert en communication" parvient à convaincre le couple d'apporter son aide à l'organisation de cette visite et de relooker ce pauvre couple afin de séduire Montignac, attendu à vingt heures trente. La fébrilité gagne le trio et comme un malheur n'arrive jamais seul, Montignac arrive bien avant l'heure prévue...

Pas facile de tomber sur un couple aussi "nunuche" que celui dont nous faisons connaissance avec ce film. Gérard est un grand amateur de trains électriques pour lesquels il voue une passion qui semble d'ailleurs être la seule qu'il puisse avoir dans la vie. Le chômage lui provoque un genre de repli sur lui même et un complexe d'infériorité. Il est vrai que sa femme n'est pas non plus une battante car elle n'est pas capable de prendre la moindre décision, ne sait pas cuisiner, ne sait pas bricoler, ne fait pas ou très peu les courses, seuls les mots fléchés parviennent à sauver sa journée. C'est pourquoi, lorsque Gérard est sur le point de retrouver un travail, il se lance dans ce qui est pour lui et son épouse une aventure extraordinaire: inviter ce patron à dîner. L'enjeu est de taille car aux vues des méthodes de recrutement assez révolutionnaires et sournoises de celui-ci, cette réception fait figure de test décisif pour l'avenir de Gérard. Heureusement ou malheureusement, un troisième larron, le dévoué Alexandre, va faire irruption tout à fait incidemment dans l'existence de ce morne couple et tenter de remettre ces braves gens au goût du jour en éliminant des tableaux et objets désuets pour les remplacer par d'autres plus "modes" mais tout autant ridicules et jeter les disques jugés trop ringards. A son avis, on ne peut accueillir un homme d'une telle importance, vu l'enjeu, dans un un tel design. En fait il va prendre l'ascendant sur Gérard et Colette en faisant valoir son titre de "conseiller en communication". On le voit omniprésent, organisant le repas, faisant les courses. Le pauvre couple méfiant puis sous le charme de ce beau parleur va exécuter les conseils de ce voisin comme on suit ceux de son médecin traitant. Mais dans une telle "aventure", il faut bien des imprévus. Montiganc, le patron, est-il réellement l'homme qu'ils s'attendaient à voir? La mission qui pourrait être confiée à Gérard est-elle aussi brillante qu'il croyait? Et ce style de "dîner de cons" sera-t il aussi décisif que prévu? De nombreux problèmes vont se dresser durant cette soirée mémorable pour Colette et Gérard jusque là confinés dans leur train-train avec comme seul enfant... un poisson rouge triste et solitaire dans un bocal.

Ce film est tiré d'une pièce de David Pharao, laquelle connue un certain succès auprès du public et de la critique en 2004. Malheureusement le film de Laurent Bouhnik est à cent lieux des grandes adaptations de certaines pièces théâtrales au cinéma telles: "Le dîner de cons", "Le Père Noël est une ordure" ou autres... L'ensemble des critiques pour ce film était tellement négatif que je m'y suis risqué tout de même, soucieux de savoir s'il n'y avait pas une cabale contre le réalisateur. Hélas non! Comment le cinéma français peut-il trouver des fonds pour nous infliger de tels navets à la ringardise consommée. Laurent Bouhnik avec ce film se lance pour la première fois dans la comédie... si l'on peut appeler ça ainsi et visiblement il n'a rien à faire dans ce style si délicat; et le public l'a bien compris car dans la salle, pas l'esquisse du moindre rire parmi les spectateurs. Les rôles sont d'une caricature excessive et sans finesse. Certains personnages ne sont d'ailleurs là que pour meubler le vide tels la concierge nymphomane et son compagnon détenu en prison et libéré. Côté acteurs, Daniel Auteuil (que l'on voit partout) continue allègrement à assombrir sa carrière en se mêlant comme souvent à un véritable naufrage et Valérie Lemercier fait ce qu'elle peut malgré les limites de son talent. Quant à Thierry Lhermitte, on peut compter sur les doigts d'une main les films dignes de ce nom qu'il a pu interpréter. Encore une fois, il nous joue une partition sans intérêt, mièvre, en fait le voici à nouveau dans un rôle "alimentaire" qui n'ajoutera rien à une carrière surfaite. Et puis il y a ce patron ridicule et irréaliste interprété par Hippolyte Girardot absolument insignifiant et peu crédible. En plus de cette platitude ambiante, les jeux de mots sont le plus souvent affligeants comme la bande originale de ce sous-film.

Le cinéma est un art fantastique. Comme la littérature, il est là pour nous émouvoir, nous faire réfléchir, rire ou même pleurer. C'est pourquoi il est malheureux de le laisser s' envahir par ce genre de film "pollueur" qui ternit la renommée du cinéma français. Il existe un grand nombre de jeunes ou moins jeunes réalisateurs qui ont quelque chose d'intéressant à montrer et pour eux, les portes des producteurs et des circuits de salles se ferment. Alors, s'il s'agit de réunir quelques "stars" qui se livrent sans scrupule à une parodie de film, le cinéma français n'en sortira pas grandi ... et les acteurs qui se prêtent ce jeu affligeant non plus!
Grard-Rocher
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le 22 mai 2013

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