C'est sûr que l'argument du scénario est un peu léger et n'est pas transcendé par la réalisation, contrairement à ce qu'aurait pu faire un Naruse par exemple (ou un Noboru Nakamura à un niveau plus modeste). La caméra de Shin est souvent illustrative et ne trouve pas souvent le détail, l'ellipse, une valeur de plan, un découpage qui viendrait créer la tension psychologique et dramatique.
Ça n'exclut pas un certain romantisme, et même un lyrisme pour quelques séquences. Le film n'est d'ailleurs jamais aussi réussi que quand il met en scène la frustration sexuelle et le désir refoulé des personnages.
Par contre, j'ai apprécié que le film conserve un regard plus léger, et ne s'engouffre pas dans la mélodrame qui aurait pu s'imposer facilement. La narration par la petite fille reste assez anecdotique et pas très rigoureuse dans son traitement (elle est absente d'une bonne moitié des séquences) tout en apportant régulièrement une véritable fraîcheur et une justesse évidente quand elle ne comprend pas pourquoi elle provoque la colère des adultes. Dans ce genre de film, les auteurs ont souvent tendance à rendre les enfants trop matures et compréhensifs du monde qui les entoure. Ça fait plaisir de constater que ce n'est pas le cas ici, d'où une certaine forme d'injustice dans son ressenti qui est assez bien retranscrit (la scène de la messe). L’interprétation est en tout cas de qualité et Choi Eun-hee oublie une partie de ses tics de jeux pour plus de naturel.
L'équilibre demeure tout de même précaire. Quand les éléments plus ou moins humoristiques, ou dédramatisant, sortent du récit, le film s'avère beaucoup plus plat et son académisme saute au yeux. Ca donne des moments de creux comme lorsque que la servante et le vendeur sortent du récit et ne peuvent plus intervenir comme contre-balancier avec une grosse baisse de régime d'une vingtaine de minutes.
Mais dans l'ensemble, je trouve la retenue du traitement bien dosée, attachante et finalement touchante avec une économie des dialogues qui évitent le surplus explicatif.