Quand j'ai fini la lecture de la biographie de Jackie Chan, j'avais envie de voir ses premiers films tournés par Lo Wei, étant amusé par tout le mal qu'en dit l'acteur. Bon, après en avoir vu un, j'ai laissé tomber... et j'ai attendu d'organiser un visionnage avec un de mes comparses, lui aussi adepte de Jackie Chan.
Pour qu'on se marre un minimum, j'ai opté pour Spiritual kung-fu, qui avait l'air bien WTF.
La star incarne Chang, et comme souvent c’est un élève en arts martiaux peu doué et dissipé, souvent puni. L’histoire change par contre un peu des histoires de vengeance habituelles, puisque le temple où réside le héros se fait dérober un livre rare par un ninja. L’ouvrage va servir à son détenteur à apprendre une technique de kung-fu presque invincible, de sorte à éliminer tous les chefs de clan du coin pour prendre leur place.
Pendant ce temps, sans rapport apparent avec l’intrigue de départ, une sorte de météorite s’écrase près du temple de Chang, à la suite de quoi apparaissent des sortes d’aliens… tout en blanc, mais avec des perruques rouges clownesques. J’aurais bien voulu que le film vire vers de la SF, qu’on ait une invasion à la The thing ou Body snatchers, ça aurait été fun… Mais non, en fait ces créatures étranges sont pris par les moines pour des fantômes (il faut savoir que le film est sorti en Angleterre sous le titre… "Karate ghostbuster"… aherm).
Ils hantent les lieux en faisant des sales tours aux résidents, quand ils ne se contentent pas de, euh… danser, puisque chacune de leur apparition est accompagnée d’une sorte de musique électro-funk expérimentale.
La plupart des effets spéciaux sont cheaps, mais quelques trucages sont plutôt impressionnants, et Jackie a l’occasion de montrer ses compétences avec des gags pourtant cartoonesques : les fantômes retirent à un moment les supports sur lesquels reposent sa tête et ses jambes pendant qu’il dort, et lui reste dans la même position malgré tout, l’air de rien.
Il n’empêche que l’humour du film est complètement puéril, encore plus lourdingue que d’habitude, alors que les comédies Hong-Kongaises sont déjà rarement subtiles.
La VF doit rajouter une couche de non-sens, avec des répliques telles que "T’es une fille, toi ?" ou "Ca pèse un âne mort !", mais on voit malgré les doublages que les acteurs en font déjà des tonnes à l’origine, au vu de leurs mimiques et moues exagérées.
On atteint des sommets quand Jackie doit mettre dans son pantalon des animaux marins qu’il a pêchés, ou quand il pisse sur les fantômes qui ont rétréci.
C’est d’ailleurs dans l’entrebâillement entre deux bibliothèques, où il vient de pisser, que Jackie trouve un autre ouvrage (pourquoi, comment ?), qui lui enseigne la technique des cinq forces, à savoir la seule qui peut battre celle de l’autre bouquin volé au début du film. Comme ça tombe bien. Et en fait, les fantômes ne sont que les esprits de ces cinq forces, qui se sont échappés du livre.
Non, ça n’a aucun sens.
Certains mouvements du héros quand il apprend la fameuse technique font penser à de la tektonik ; toutefois si Spiritual kung-fu a bien un point fort, ce sont ces combats.
Au vu de la médiocrité globale du film, je ne m’y attendais pas, mais il y a quelques chorégraphies vraiment pas mal, à la fois drôles et impressionnantes… exactement ce que je recherche dans une œuvre de Jackie Chan, donc.
Et les combats, même ceux peu marquants, sont au moins tous d'un dynamisme qui change agréablement de ce qui se faisait à l'époque, avec ces adversaires qui gardent un peu la pose à chaque coup...
Dommage que dans tous les combats, les bruitages qui restent toujours les mêmes, on tendance à m’endormir. Et il y a un peu trop de sauts aidés de câbles ; un plan en particulier, filmé en courte focale et où l’action est répétée plusieurs fois, montrant Jackie atterrir presque sur la caméra… fait carrément penser à du Turkish Star wars !
Ah et Jackie fout une fessée à une femme après l’avoir battue.
J’ai failli mettre 4/10 quand même rien que pour ces séquences d’action, mais ce sera finalement 3 car avant que le film ne s’achève, voilà que les fantômes s’en mêlent, participant aux combats, de quoi laisser une dernière mauvaise impression au spectateur.
Je savais déjà que Lo Wei était un peu fou, mais là il s’est surpassé. En terme de mise en scène, il fait aussi des bourdes dont je ne sais comment elles sont possibles : des personnages censés regarder la même chose mais la tête tournée chacun dans une direction bien différente, et un vieux qui prend des airs impressionnés pendant un combat… alors qu’il est aveugle !