L'Obsédé
6.9
L'Obsédé

Film de Edward Dmytryk (1949)

Il y a toute la sécheresse scénaristique et l'âpreté du ton du cinéma britannique des années 1940 dans ce film noir de la fin la décennie, réalisé par Edward Dmytryk alors exilé au Royaume-Uni suite à la blacklist anticommuniste qui lui valut de figurer dans la fameuse liste des Hollywood Ten. C'est toujours amusant de constater les changements de mode au cours du temps, au sein d'un même registre, et en l'occurrence à quel point le film policier proche du thriller pouvait se satisfaire de seulement quelques bouts de ficelles il y a 75 ans. Pas de gras ici : le docteur joué par Robert Newton surprend sur le vif son épouse (Sally Gray) avec son amant (Phil Brown), sans aucune forme de contexte et avec une suggestion minimaliste sur le passif qui unit les trois, pour ensuite s'embarquer d'entrée de jeu dans un plan machiavélique ayant pour objectif final l'assassinat de cet homme de trop. Tout le film est structuré autour de l'enfermement de l'amant dans une cave : on est censé avoir affaire à un meurtre parfait, le médecin prend tout son temps, assure ses arrières, peaufine la formule chimique pour la dissolution du corps dans une baignoire... Il agit avec calme et méthode, une froideur qui est censée contraster avec l'ampleur de sa jalousie.


Mais Obsession, aussi connu sous le titre "The Hidden Room", convainc assez difficilement à cause du niveau d'interprétation global assez théâtral et désuet, ainsi que du poids des dialogues explicatifs qui en font un film extrêmement bavard dans lequel tous les personnages, mari, femme, prisonnier et inspecteur, explicitent tout en toutes circonstances, ou presque. Dmytryk tire cependant son épingle du jeu justement en s'amusant à faire durer la séquestration et en travaillant la relation entre les deux hommes, l'humour noir étant plutôt vif étant donné que le ravisseur ne cache pas ses intentions à l'homme enchaîné dans un sous-sol, avec traces de craie pour délimiter son périmètre d'action. Il y a un petit côté hitchcockien dans la manipulation de ce suspense, de cet humour british et de cette noirceur tenace, même si le rapport entre les deux hommes finit par tourner en rond malgré les nombreuses tentatives de dynamisation. Il y a notamment un chien qui vient s'inviter dans l'histoire, auteur de quelques péripéties et quelques imprévus, le grain de sable dans des rouages qu'on voulait nous faire croire parfaitement huilés. Un noir qui vaut le détour pour son ambiance plutôt joviale malgré la dimension sordide de ce qui s'y trame.


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le 24 juin 2024

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Morrinson

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