Malgré les moyens d'une grosse production américaine avec la reconstitution d'un Berlin des années 20 digne de Fritz Lang, Bergman reste fidèle à lui-mème et préfère à la classique fresque flamboyante l'humilité des plans rapprochés. "L'Oeuf du Serpent", sans montrer une seule croix gammée, évoque donc la montée du national-socialisme à travers le point de vue d'un immigré juif qui essaie de survivre au jour le jour, jusqu'à ce que les mâchoires de l'Histoire se referment sur lui, dans un dernier plan d'une terreur glaçante. Un film atypique pour Bergman, certes, mais un film important pour la mémoire de ce siècle. [Critique écrite en 1977]