Adaptation de la pièce de théâtre de Mary Roberts Rinehart et Avery Hopwood, "The Bat", signé Roland West, nous emmène dans une ancienne demeure où plusieurs personnages cherchent le butin d'un braquage qui y est caché. Mais dans le même temps un criminel déguisé en chauve-souris géante rôde dans les parages...
Basé autour du thème du "whodunit" (concept dans une oeuvre policière permettant de donner des indices aux spectateurs avant de dévoiler à la fin qui est le coupable, Hitchcock en a notamment beaucoup abusé), "The Bat" nous emmène dans un huis-clos où l'on voit défiler toute une intéressante galerie de personnages, allant de celle qui loue l'appartement et sa nièce à un majordome chinois en passant par l'inspecteur et bien évidemment le criminel. Ils sont, dans l'ensemble plutôt intéressant, et West garde intelligemment le mystère sur chacun d'eux.
Roland West ne se contente pas de livrer qu'un film policier, il lorgne aussi sur la comédie ainsi que sur l'épouvante avec l'impression d'un manoir hanté et une atmosphère adéquate. Il se permet tout de même quelques légèretés au milieu de cette ambiance sombre et c'est là l'un des petits problèmes du film. Le côté comédie n'est pas toujours maîtrisé, s'appuyant parfois un peu trop sur le sur-jeu théâtral des acteurs (enfin, surtout la femme de chambre), quitte à devenir un peu trop lourd.
Mais finalement, ça marche plutôt bien car si c'est parfois un peu trop confus (ce qui n'est pas aidé par le manque de panneaux), on se prend facilement au jeu à se demander qui est la chauve-souris et Roland West n'hésite pas à rajouter des indices, fausses pistes ou autres retournements de situations, quitte à, par moments, perdre le spectateur. Visuellement le film est réussi, jouant beaucoup avec les jeux d'ombres rappelant parfois l'expressionnisme avec une belle photo en noir et blanc. De plus, West exploite bien les décors et donne un côté sombre lorgnant vers le lugubre à son oeuvre.
Bref, si l'ensemble est imparfait, on se prend tout de même facilement au jeu de "The Bat" et Roland West n'hésite pas à jouer avec le spectateur tout en maintenant le suspense de bout en bout.
À noter que le dessinateur Bob Kane a écrit dans son autobiographie que "The Bat" l'aurait fortement inspiré pour le personnage du Batman. Ce qui est par moments marquants comme le montre cette image tirée du film : http://25.media.tumblr.com/tumblr_ljc85qVvez1qaphz7o1_500.gif faisant pensé au panneau lumineux permettant d'appeler Batman.
Cycle polars américains : http://www.senscritique.com/liste/Long_cycle_Polars_americains/823460