Contemplation cinéphile
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Un mythe du cinéma veut que Max Schreck, l’interprète principal de Nosferatu du Murnau, ait été un véritable vampire. Le réalisateur de l’extraordinaire Begotten, E.Elias Merhige, a trouvé un défi à sa mesure. Il s’est aventuré dans une représentation de ce fantasme cinéphile. Cette fois les acteurs et l’action sont perceptibles et racontables, mais par ses méthodes et son ambition, L’Ombre du Vampire est lui aussi un film d’expérimentations, aussi rebutant que stimulant.
Dans le contexte d’un tournage tendu et chaotique, Merhige déroule une histoire assez tortueuse, aux intentions floues. Il imagine totalement la situation en amalgamant les rumeurs, puisque le contexte du tournage, la personnalité de Murnau et de l’acteur, son peu ou mal connus. Le film brasse une foule de sujets, souvent liés à l’essence de l’art et du cinéma (la création, le génie frustré, le rapport au réel de l’artiste, la monstruosité). Il est touffu, limpide, mais pas forcément fluide : il y a la sensation d’une errance, de film à thèses sautillant de l’une à l’autre sans pour autant monter pour de bon au front, tout en brillant lorsqu’il s’agit de mettre en scène – et en abyme – le mystère du sujet.
John Malkovich en Murnau et Willem Dafoe, méconnaissable en Nosferatu, apportent une dimension comique à l’ensemble, tant leurs archétypes et leurs manières sont folkloriques (mais vraisemblables!). Tout ce mélange de sérieux et de burlesque analytique charme, sans dissiper une sensation de profonde confusion.
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le 22 mai 2015
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