Chasseurs VS Lions
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Stephen Hopkins est un roi du bigmac cinéphile. On lui refile le commandement de séries B industrielles (Les Châtiments), sous-blockbusters des familles (Perdus dans l'espace) et suites superflues (Predator 2, Freddy 5). L'objectif est toujours le même : remplir des cases, rejouer des formules sans états d'âmes, pour livrer du divertissement se donnant des airs intenses ou ambitieux. L'Ombre et la proie confirme et chevauche deux domaines : le cinéma à base d'animaux tueurs, en général assez discount (pas le cas ici, le 'film de genre' ou le 'bis' intègre sont d'un autre monde) ; l'escapade en costumes, désuète et sentimentale, domaine sous le joug de quelques références 'nobles' ou sophistiquées, mais rempli de sur-téléfilms kitschissimes (genre Lean des maisons de retraite).
Le spectacle est centré sur un ingénieur britannique débarqué en Afrique pour la construction d'un pont ferroviaire. La présentation est pachydermique (mais est une des rares portions joyeuses du film, avec les moments de fraternité au coin du feu) : voilà l'ingénieur b-g., sûr de lui et encyclopédique, sobre et énergique ; l'homme fort apaisé et non châtré par la science ou crétinisé par le naturalisme. Son Pont de la rivière Kwai présente peu d'intérêt, contrairement aux parasites foulant cet effort de civilisation : les lions, motivation du chaland, venu chercher un Dents de la mer de la savane. Les grosses bêtes (recrutées l'année suivante pour George de la jungle) auront leurs moments de gloire (lors d'attaques puis de chasses), où le film gesticule plus qu'il ne montre. L'Ombre et la proie fournit de jolis fonds d'écrans potentiels en capturant des morceaux de jungle, échoue en terme d'animation, est nul en terme de réflexion et à peine au-dessus en terme d'explorations.
Les traditions tribales sont comme les guerriers Maasai : en arrière-plan, bonnes pour le pittoresque de surface. Les qualités sont évidentes : photo, décors, éclairages, figurants, tous classiques et performants, malgré leur enrobage dans une mise en scène en manque de goût et de repères. Le reste est en friche, à cause d'un manque de soin sur le fond et de congruence dans la narration. L'Ombre et la proie est sûrement une commande justifiée par le 'based on a true story' (les aventures du Charles Ryall avec les lions de Patterson) et n'a pas été réfléchi, se reposant sur ses atouts techniques et physiques, puis son tandem de prestige Kilmer/Douglas. Les traques réunissant les deux stars sont systématiquement dépourvues d'intensité et de progrès : reste l'attractivité du contexte (la grotte ou la brume bleue). L'entrée en scène de Michael Douglas (au bout de trois quarts d'heure) a au moins le mérite de ne pas tromper sur la marchandise, son décalage stérile excluant une relance sérieuse ou solide.
Cette prestation de Douglas (Basic Instinct, Harcèlement) en chasseur intrépide est plus embarrassante que l'inanité des autres personnages, car le costume est flamboyant et la vacuité qu'il se traîne d'autant plus lourde à porter. Pour rabaisser un acteur, ce genre de coquille vide ultra-typée est un poison efficace. L'odieux super-patron et le narrateur en voix-off se liguent au départ pour balancer quelques énormités appétissantes (les non-blancs se détestent entre eux ; il faut aider l'Afrique et les africains, malgré les africains), malheureusement le cahier des charges exclue tout approfondissement (et oublie même en route de recycler le premier, de donner autre chose qu'un mot de la fin au second – une espèce de réclame niaise et indirecte pour les parcs d'attraction). L'Ombre et la proie reste supérieur aux émanations de la fosse remplie de requins et d'insectes mutants (ou simplement méchants), mais est également un piteux wannabe-Wolfen/Loup-garou de Londres version roi de la savane.
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le 6 juil. 2016
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