L'Oncle Charles : Du neuf avec du vieux
Plus de quinze ans après Le Bonheur est dans le pré, les retrouvailles entre Étienne Chatiliez et la complice de ses débuts, la scénariste Florence Quentin, annonçaient des étincelles dans le ciel de la comédie française. Hélas, cet Oncle Charles sent le réchauffé, et ne parvient pas à atteindre son principal objectif : nous faire rire.
Se croyant atteint d'une maladie incurable, Charles Doumeng (Eddy Mitchell), richissime homme d'affaires sexagénaire, réfugié en Nouvelle-Zélande, se met à la recherche de sa sœur, qu'il n'a pas revue depuis cinquante ans, dans l'ouest de la France. Corinne (Valérie Bonneton), une clerc de notaire sans scrupules, décide de lui offrir une famille fabriquée de toutes pièces, avec l'aide de son entourage, afin de toucher le pactole...
Cela fait maintenant quelques années et La Confiance Règne que le cinéaste n'offre plus une comédie digne de ce nom, incisive et politiquement incorrect, L'Oncle Charles n'échappe pas à la règle. Rien de neuf au pays du réalisateur qui use, jusqu'à la moelle, ses thèmes vieux de vingt ans : la famille, l'argent, le mensonge, l'opposition riches / pauvres. Le duo Chatiliez / Quentin semble s'être perdu en route, livrant un scénario capilotracté dépourvu de rythme et de situations comiques, esquissant à peine le contour des personnages. Le spectateur se trouve alors les bras ballants devant cette farce raté, s'efforçant de trouver quelques sympathies pour ses protagonistes ou de sourire devant certaines scènes (merci aux deux bonnes sœurs de l'orphelinat).
Les comédiens essayent pourtant, tant bien que mal, de sauver ce métrage de la noyade, mettant toute leur énergie au service du film. En pleine tournée d'adieux, Eddy Mitchell considérait le tournage de L'Oncle Charles comme une récréation et cela se ressent à l'écran. L'acteur est parfait en riche misanthrope bougon, ayant la descente facile. Alexandra Lamy, quant à elle, apporte sa fraîcheur, et Valérie Bonneton, sa folie.
Ressassant des idées vielles de vingt ans, Étienne Chatiliez se rate complètement. L'Oncle Charles devait être une comédie « amorale et optimiste », selon ses propres mots, elle nous apparaît plutôt comme vieillotte et sans âme.