Pour son premier long-métrage Becker n'a pas trop de chance et n'a pas pu finir le tournage qui sera repris et finit par Jean Stelli. Je ne sais pas qui a fait quoi mais j'imagine que la narration en Flash-backs fait partie des reshoots.
Difficile donc de juger vraiment la réalisation de Becker. Si on se cantonne au résultat fini, force est de reconnaître que c'est un film bancal, assez mal raconté dont le sujet n'est qu'esquissé et ne transcende pas ses questions morales et sa dimension ironique d'une fable cruelle sur la culpabilité, la folie et cupidité.
La réalisation est souvent médiocre et assez plate (comme la photo) mais il y a quelques moment qui surnagent brillamment : les très gros plans de visages lors des premières heures passées entre Albert Préjean et Conchita Montenegro et surtout la stupéfiante séquence de danse de Conchita Montenegro où des officiers militaires libidineux tirent sur des guirlandes électrique derrière elle. Il y aussi la mort d'un des personnages principaux filmées dans un hors-champ assez audacieux, mais peut-être contraint par des choix économiques (l'acteur n'étant plus disponible ou trop cher ). De manière générale, il y a pas mal de moment hors-champ ou seulement racontés comme le sort réservé au précédent équipage. Ce côté économe et épuré est parfois réussi mais c'est clair que la disparation éclaire de Dita Parlo est incompréhensible pour la progression et la cohérence de l'intrigue.
Le film réussit donc à être à la fois très riche tout en étant profondément superficiel et maladroit, porté par un casting inégal mais qui offre régulièrement une interprétation savoureuse (le calme jovial de Vanel souhaitant jeter par dessus bord une douzaine d'innocents).
Un curiosité pas désagréable toutefois et assez original dans son concept (bien que bâclé et bricolé).