Mon premier Rowland V. Lee, réalisateur de trucs un peu variés mais beaucoup d'aventures : Les trois mousquetaires, Le fils de Frankenstein, un Comte de Monte-Cristo avec Robert Donat... Et surtout, d'après monosourcil, l'inventeur de Gary Cooper dans Doomsday (à mettre dans le festival Gary Cooper itinérant). Pas un maître, mais honnête faiseur.
Le film retrace l'ascension de Jim Fisk, golden-boy avant l'heure, qui provoqua le premier black friday à Wall Street en 1869, en essayant de corneriser (si, si, j'ai appris des mots) le marché de l'or.
Alors attention, Jim Fisk n'est pas incarné par Cary Grant contrairement à ce que pourrait faire croire la jaquette mais par Edward Arnold, grassouillet sympathique à frisottis. Il est marchand ambulant nordiste dans le sud lorsque la guerre de sécession est déclarée. Obligé de filer avec ses deux acolytes (Cary Grant et Jack Oakie), il met au point un trafic de vente de coton entre les deux camps. Ce qui permet à Cary de nous faire un festival d'accents : sudiste, nordiste, puis anglais.
La guerre se termine, Fisk se croit riche, mais le troisième larron qui devait faire fructifier l'argent a tout investi en bons confédérés, qui ne valent plus rien. Fisk se remet en selle et réussit à acheter une compagnie de bateaux, sur un coup de bluff. Pour fêter la victoire, les trois amis vont passer la soirée au cabaret où se produit la charmante Fleurique (française comme son nom et son accent l'indiquent). Sous le charme de la demoiselle, Fisk et Boyd (Cary) se la disputent. Cary passe le premier et l'emmène dîner. Pendant ce temps, Fisk, qui sait voir l'or où personne d'autre ne le voit, tombe sur la femme de chambre et l'emmène dîner à son tour. Fisk a de la chance et du nez, Fleurique s'avère une insupportable cabotine, alors que Josie la femme de chambre est une actrice belle et talentueuse.
Après, ça se complique (le film est un peu long), Cary et Josie sont amoureux mais ne peuvent pas le dire à Fisk par amitié pour lui, Fisk perd les pédales et lève une armée, et tout ça finit en Black Friday.
Apparemment le portrait est très romancé, le vrai Fisk étant un escroc patenté, alors qu'il est présenté ici comme un sympathique viveur. Idée étonnante que de faire une comédie sur les excès de la bourse et le besoin de régulation, qui doit résonner aux oreilles des Etats-uniens, 8 ans après le Black Thursday. Le ton général du film est joyeux, truffé de petites scènes loufoques : lorsque Fisk est au sommet de sa gloire, des inventeurs viennent lui proposer leurs trouvailles, lorsqu'il se barricade avec les militaires...
Et Cary est beau à croquer.