Il y a des fois où il ne faut pas trop chercher à comprendre. J'étais parfaitement disposé à détester ce film à l'origine. Des approximations historiques que j'imagine immenses, des CGIs au rendu pas toujours honorable, etc. Mais le fait qu'il s'agisse d'une production européenne (allemande qui plus est, quoique tournée en anglais), et la longueur inhabituelle pour ce genre de film auraient dû me mettre la puce à l'oreille. J'ai presque honte, mais je dois avouer que je me suis laissé prendre au jeu et au voyage de ce jeune barbier anglais vers la Perse médiévale. J'ai honte parce que je ne le recommanderais absolument pas aux férus de cette période de l'Histoire. Un petit plaisir coupable, on dirait.


Ces 2h35 ne sont qu'un bouillon de contradictions en ce qui me concerne. D'un côté, les élucubrations de Stellan Skarsgård me font marrer, et de l'autre, ces paysages de la campagne anglaise photoshopés à mort me donnent envie de vomir. D'un côté, on verse dans la misère de la mère pauvre et malade et de ses enfants, et de l'autre, on tranche des doigts de pieds en se marrant. D'un côté, les simplifications qui entourent les sociétés des mollahs et du Shah me dérangent, mais de l'autre, elles me paraissent inévitables pour ce genre de production grand public. D'autant que la romance (obligatoire bien sûr) ne prend jamais trop le dessus. Et j'ai bien aimé le fait que le film prenne son temps pour faire un minimum sentir la transition entre Angleterre et Perse.


Et plus généralement, d'un côté on a affaire à un divertissement enfantin avec voyage, quête émancipatrice, paysages dépaysants, découverte d'un nouveau monde, et de l'autre, on a pas mal de scènes crues avec des gens à poil, des têtes par terre, et des corps ouverts (au nom de la médecine et d'une forme d'apostasie). Bref, à partir du moment où on ne recherche pas l'exactitude en matière de vérité historique sur le personnage d'Ibn Sīnā (aussi appelé Avicenne en Français), le voyage n'est pas si désagréable. Et dans ce genre de production, j'aimerais voir des choses comme ça bien plus souvent.


[Ce sentiment coupable de chercher à défendre un film qu'on ne souhaite pas défendre...]


[Avis brut #25]

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le 9 janv. 2016

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Morrinson

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