Un documentaire approfondi et sérieux, qui donne la parole aux forces de l'ordre elles-mêmes, confrontées aux images de leurs propres exactions récentes. Des réactions édifiantes, tant dans un sens que dans l'autre; je retiens quand même principalement la consternation des plus lucides face à une violence disproportionnée et injustifiée. Anciens fonctionnaires de police en retraite, formateurs, CRS, ce ne sont pas des témoins partiaux, juste des professionnels épouvantés par la tournure qu'a prise la mission qui leur est confiée. Ou la délégation de leurs missions à des amateurs instrumentalisés. On pourrait tourner le même reportage à charge dans l’Éducation Nationale ou à l'hôpital. Mais la violence reste le marqueur spécifique de la mauvaise gestion des forces du maintien de l'ordre, même si la consternation est désormais la règle commune à bien des fonctionnaires qui ont du métier et voient le service public dévoyé par des politiques iniques. Un hommage appuyé est ici rendu à l'ancien président Sarkozy, dont on espère qu'il continuera à avoir des comptes à rendre à la Justice, même si sa politique délétère du chiffre ne rentre pas à proprement parler dans les délits condamnables par voie judiciaire. C'est bien dommage, on y viendra peut-être un jour, à force d'absurdité et d'indignité. Quoi qu'il en soit, une belle dégradation des services publics lui est directement imputable, et là, ce sont les citoyens qui devraient lui demander des comptes rétroactivement... Ce documentaire ne laisse guère planer de doute sur les responsabilités. Le préfet Lallemand, qui réitère ses propos intransigeants d'un autre âge, affiche la couleur également. Aux fonctionnaires reste la consternation. C'est bien peu. Mais au moins, ils ont ici un espace d'expression, en espérant que leurs témoignages forts trouveront un chemin vers l'électeur. En espérant aussi qu'on puisse compter sur ce dernier pour faire primer la raison et le cœur sur sa peur du chaos, très savamment entretenue par l'info en continu. Mais de ça, le documentaire ne dit rien puisqu'il s'en tient à une neutralité de façade qui ne déguise malgré tout pas ses objectifs. Pour ma part, j'en ressors confortée dans mon indignation. Et ma consternation.