Paroxysme de la propagande maoïste, "Dong Fang Hong" est aussi effrayant que bouleversant.
Seule création artistique majeure dans une période de nuit absolue pour les intellectuels et le peuple chinois, cette grande fresque fait très forte impression.
La grandiloquence révolutionnaire du discours, les mélodies tour à tour suaves ou entrainantes des chants communistes, l'idéalisation quasi religieuse du Parti, et surtout, le terrifiant contraste entre le lyrisme du spectacle et l'apocalypse de la réalité qu'il dissimule : des millions et des millions de morts, abandonnés et trahis par le président en lequel beaucoup ont cru si innocemment, avant de finir lynchés, massacrés, morts de faim.
Dong Fang Hong est un mensonge gigantesque et magnifique, une illusion à mi-chemin entre le rêve et le cauchemar, dans un monde où la vérité n'est plus que celle du tyran.
Mais plusieurs de ses chapitres sont portés par une telle puissance subversive qu'on pourrait aujourd'hui en faire une double lecture, et y déceler un appel à renverser la dictature.