Représentant parfait d'une partie du cinéma états-unien du début de la décennie 1970, avec d'une part la dimension hippie post-68 au travers du papillonnage sexuel assumé par le personnage principal interprété par Robert Redford, et d'autre part les éléments culturels très marqués comme les paysages désertiques de l'Arizona et les courses de moto un peu siphonnées. Le plus drôle dans cette histoire étant que Redford a sauté sur l'occasion avec "Little Fauss and Big Halsy" pour faire suite à son rôle dans "Butch Cassidy and the Sundance Kid" (1969) et casser son image d'aimable gentil. Cette opération-là est réussie tant il incarne un motard particulièrement antipathique, exploitant tout son entourage, menteur de première catégorie, et adoptant un comportement typiquement opportuniste et connard vis-à-vis des femmes.
Le duo qu'il forme avec Michael J. Pollard, un mécanicien rencontré par hasard avec qui il sympathise, n'est pas des plus subtils et nuancés, c'est l'association un brin forcée du beau gosse gros dragueur décomplexé et du timide pétri de frustrations qui se trouve attiré autant que manipulé par le charisme de son nouveau partenaire. Le film en soi fait partie de ces œuvres qui n'ont pas vraiment de charpente scénaristique et qui préfère se consacrer à des descriptions d'atmosphère, ici en l'occurrence la vie de motards semi-professionnels qui errent de circuits en circuits. La seconde moitié franchit un cap majeur en ce sens, abandonnant presque toute considération narrative pour se terminer sur une non-fin, point de chute de cette partie décousues, image figée sur le visage de Redford ayant subi une panne en pleine compétition, sans avoir vraiment pris la peine de creuser la nouvelle relation entre les deux hommes qui s'est transformée en une rivalité sportive. Finalement, on passe le film à penser à deux choses : la bande originale, incluant Johnny Cash (avec des arrangements ou textes de Carl Perkins et Bob Dylan), et le titre français, "L'Ultime Randonnée", qui n'a absolument aucun sens.